Depuis juin, j’utilise les transports en commun. Ça faisait des années que j’avais pas régulièrement butiné avec la STM. C’est pas mal plus cher que dans l’temps où 4 et demi jouait… mais j’aime vraiment mieux la fonction des tarifs avec passages multiples, les deals de soirée, de week-end, de journée, la carte Opus. Fini le p’tit ticket mauve, avec ta correspondance jaune avec des p’tits points, et celle du métro, imprimée sur du papyrus en constante décomposition. La STM est entrée dans le XXIe siècle. Manque juste des trains qui avancent avec des aimants.
J’aime bien les bus accordéon… Ça, j’avais pas connu ça. C’est nouveau. C’est cool. Plus de place. Puis, se tenir debout sur la jonction, c’est l’fun. T’as l’impression d’être sur un module dans un parc, tu joues à pas tomber. Ce qui n’a pas changé, ce sont les faces. Les faces un peu bêtes, un peu tristes, le monde qui parle fort. Les vibes différentes des wagons… Les wagons de matin, les wagons de fin de semaine, les wagons de dimanche. Du monde pressé, du monde sur le party, du monde en congé, ça ne dégage pas la même énergie… ni la même odeur. Mais sérieux, j’ai jamais senti tant que ça que ça puait dans les transports en commun. Je suis peut-être chanceux…. ou c’est moi qui pue.
J’aime les incontournables. Quand quelque chose de weird se passe, et que tu cherches quelqu’un avec qui échanger un regard complice. Comme si le moment ne pouvait être pleinement vécu et savouré s’il n’était pas partagé.
Dormir la tête sur le bras, appuyé sur le rebord de la fenêtre, se réveiller en sursaut le front en sueur, avec la peur d’avoir manqué sa station. Ironiquement, je n’ai jamais manqué ma station en dormant, mais je l’ai souvent manqué debout, devant la porte, les deux yeux grands ouverts. Ça t’est sûrement arrivé : être dans lune debout devant la porte et, au moment où elle se referme… réaliser que c’était là que tu devais descendre. Passer les deux minutes suivantes à t’insulter silencieusement, descendre à la station suivante, traverser le pont de la honte, retourner l’autre côté prendre le métro dans le sens inverse, passer les cinq autres minutes suivantes à chercher une excuse à ton retard éminent, car la vérité est trop gênante.
Les chauffeurs bêtes, les sympathiques, les annonceurs qui gueulent chaque arrêt à venir. Les pilotes de course avec des p’tits gants en cuir pas de doigts. Les vieux de la vieille qui se contre-fichent que t’aies l’argent exact ou pas, une correspondance ou pas, va juste t’asseoir en arrière, pis dérange-les pas pendant qu’ils écoutent CHOM. Les jeunes loups qui sortent de l’école de conduite à qui t’as envie de demander : «Es-tu sûr que t’as le droit de conduire ce gros véhicule, jeune homme? Il est où ton papa?» Les pressés qui n’arrêtent jamais une fois la porte fermée, même si tu pioches dedans. Les samaritains qui sacrent les breaks en plein milieu de la rue au risque de causer un carambolage quand ils te voient courir comme un déchaîné.
Visiblement, les transports en commun m’avaient manqué. Bon, mon horaire est à contre-courant des heures de pointe… ça aide sûrement. Sinon, mon titre aurait sûrement été : «Maudite STM à £$%/&!»
Les opinions exprimées dans cette tribune ne sont pas nécessairement celles de Métro.