De passage en Europe, j’ai eu le plaisir de rencontrer Jorge Marrao, associé chez Deloitte Portugal et professeur à l’Institut supérieur d’économie et de gestion de Lisbonne. Cet éminent expert est d’avis que son pays entrera inévitablement en récession, ce qui ne l’empêchera pas de respecter les exigences de ses créanciers.
Écartant l’idée d’un retrait de son pays de l’Union européenne, Jorge Marrao continue de croire aux avantages de l’euro. «Cependant, il est temps de réviser les politiques monétaires et fiscales pour soutenir la croissance commune, dans l’intérêt de tous les pays membres», explique-t-il. Selon lui, les exportations et les investissements du secteur privé constituent deux pistes de solution à privilégier pour relancer l’économie portugaise et réduire le taux de chômage, qui avoisine les 15 %. «Le marché accepterait mal que la stimulation de l’économie alourdisse davantage la dette publique du Portugal», précise-t-il.
Pour sortir de la crise qui prévaut, il faudra compter de trois à cinq ans. Mais le Portugal dispose d’atouts indéniables : une jeunesse bien éduquée et disponible, des capacités de production sous-utilisées et une tradition d’exportations et de bonnes relations internationales.
Par contre, il lui faudra procéder à d’importantes réformes, auxquelles la population risque, dans certains cas, de s’opposer : réduction de l’appareil public (actuellement gigantesque) et transferts vers le privé, modification des programmes de pension, lutte contre le travail au noir et évolution du rôle du réseau universitaire.
«Pour y parvenir, nous aurons sans doute besoin de l’aide de l’Union européenne», ajoute l’économiste, qui insiste sur l’urgence d’agir et non plus de débattre.
La semaine prochaine : le point de vue de deux entrepreneurs de Porto, qui ont déjà habité Montréal.
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