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Sans histoire?

La mise à jour économique présentée par le ministre fédéral des Finances Joe Oliver a l’air, à première vue, sans histoire. Et pourtant, elle est le prélude de la prochaine campagne électorale. Tous les arguments y sont. Les conservateurs se présentent comme les champions de l’économie et des finances publiques. Les mesures, déjà annoncées, apportent un soutien aux familles et aux PME.

Sur la forme, loin de rompre avec la tradition établie par son prédécesseur, Joe Oliver renforce la perception que sa formation politique accorde peu d’importance au Parlement. En choisissant le Canadian Club et sa clientèle économique pour cet exercice, il confirme que ces derniers ont plus de prestige aux yeux du ministre que le parquet de la Chambre des communes et ses élus.

Sur le fond, il est vrai qu’à ce jour le Canada a mieux performé économiquement que bien des pays du G20. Il tire son épingle du jeu dans un contexte de fragilité économique. Le taux de chômage est le moins élevé depuis six ans. Le beau temps risque cependant de tirer à sa fin. La vache à lait canadienne, qui a longtemps été le pétrole, semble sur le point de se tarir.

Pour l’instant, l’impact est encore bien minime. Le budget est pratiquement en équilibre. Il le serait d’ailleurs s’il n’y avait pas eu de nouvelles mesures annoncées. Ce qui fait que la prochaine élection pourra porter sur des projets plutôt que sur des discours d’équilibre. Ce qui ferait, particulièrement en ce moment, saliver bien des élus québécois.

Ainsi, les conservateurs parleront de faire mieux, de réduire l’État et de garder une recette éprouvée qui remet des sous directement dans la poche des citoyens. Le NPD parlera de redistribution de richesse et de programmes sociaux, comme celui, annoncé, des garderies. Thomas Mulcair ne manquera pas non plus de définir son adversaire, comme on l’a vu dans sa réponse à l’énoncé budgétaire, en disant que Stephen Harper aimerait mieux régner que gouverner.

Premier dans les sondages, Justin Trudeau, lui, devra renforcer sa position. Car pour le moment, il tient volontairement les citoyens dans la brume en ne clarifiant pas ses positions. Il a parlé d’éducation et d’infrastructures, mais c’est encore bien peu pour trouver sa place sur l’échiquier politique canadien.

Donc, cet énoncé économique à première vue sans histoire nous aide à comprendre la direction et le discours qui animeront la prochaine campagne électorale. Reste à savoir le modèle que choisiront les Canadiens. Ce qui est une tout autre histoire.

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