Au lendemain de la victoire libérale, Philippe Couillard disait vouloir agir rapidement en début de mandat pour régler le dossier des accommodements raisonnables. À la suite des événements de Paris, il disait vouloir laisser retomber la poussière, pour éviter les amalgames. En voyage en Belgique, il disait vouloir agir avant la fin du mandat. Quelques jours plus tard, après la publication du sondage Cogeco/Som indiquant que 59 % de la population souhaite voir l’adoption d’une charte de la laïcité, le premier ministre du Québec parlait d’une solution d’ici juin.
Dire que la position est confuse est un euphémisme. Même ses ministres ont de la misère à suivre la valse de revirements de M. Couillard… La ministre de la Justice avait été contredite. Une semaine plus tard, le premier ministre lui a donné raison.
Philippe Couillard a de toute évidence un malaise perpétuel lorsque vient le temps de s’engager en matière de laïcité. On se souvient que dans la foulée du débat sur la charte, le Parti libéral du Québec avait peiné. Fatima Houda-Pepin, députée d’origine marocaine et musulmane, avait quitté le caucus à la suite de la prise de position de sa formation politique dans le dossier. Elle avait même préparé un projet de loi sur la neutralité religieuse de l’État et la lutte contre l’intégrisme religieux. Sa proposition, aujourd’hui reprise par le PQ, prévoyait la création d’un observatoire afin de travailler à la prévention de ce phénomène au Québec.
Pour ajouter à la complexité, durant la campagne électorale, Philippe Couillard liait laïcité et intégrisme. Aujourd’hui, il scinde les dossiers, demandant à Stéphanie Vallée d’en porter un et à Kathleen Weil de porter l’autre. Ce n’est sans doute pas une mauvaise chose. Il est vrai qu’il ne faut pas tout mélanger. Si les dossiers de la laïcité et de la lutte à l’intégrisme sont importants, ils ne sont pas nécessairement des vases communicants. Les actions à poser en matière de laïcité ne régleront pas automatiquement le problème de la radicalisation de certains individus.
Toutefois, les Québécois s’attendent à une direction claire tant en matière de laïcité que de lutte à l’intégrisme. Au Parti québécois, la course à la chefferie illustre certaines failles. La nouvelle mouture de la charte de Bernard Drainville ne fait pas l’unanimité. Les différents candidats iront de leurs propres positions. Seules la CAQ et Québec solidaire gardent le cap et conservent la position qu’ils avaient déjà adoptée. Cependant, le PQ fera front commun pour déposer un projet de loi pour contrer la montée de l’intégrisme.
Comme le dit la pub, si ça existait, on l’aurait. Il n’y a pas de solutions magiques pour freiner la radicalisation. S’il faut agir avec modération afin de protéger l’équilibre entre la sécurité et la liberté, il importe de poser des gestes significatifs pour rassurer la population. Jusqu’à maintenant, on a eu droit à la valse du premier ministre. On le croyait plus déterminé en matière de lutte à l’intégrisme.
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