Mener dans les sondages apporte son lot de bénéfices, mais aussi d’inconvénients. C’est ce qu’a pu constater Thomas Mulcair, qui domine depuis quelques semaines dans les intentions de vote. La pression qui s’exerce sur lui est maintenant directement proportionnelle à l’attrait que le NPD suscite à travers le Canada.
Tant que la vague orange restait surtout au Québec, les projecteurs n’incommodaient pas l’ancien ministre de Jean Charest. L’intensité a toutefois commencé à se faire sentir cette semaine. Il s’agit d’un reflet de sa position d’aspirant premier ministre. Alors que Thomas Mulcair rencontrait, en marge d’une visite au Québec, son ancien collègue et maintenant premier ministre du Québec Philippe Couillard, le ton du point de presse était différent. Les journalistes se font désormais plus pressants à l’égard du chef de l’opposition. Ils l’ont talonné quant à sa position sur le dossier du pipeline de TransCanada et sur le dossier du Sénat. Dans les deux cas, le député d’Outremont a laissé paraître un certain inconfort.
Dans le dossier du Sénat et de la place du Québec, la position du nouveau meneur laisse, de fait, certaines zones à éclaircir. Même s’il souhaite l’abolition du Sénat, il dit comprendre la position du Québec qui s’y oppose. Il martèle qu’il souhaite donner une place respectable et respectée au Québec, mais l’ouverture de la Constitution ne fait pas partie de ses plans…
Pourtant, la Cour Suprême a bien établi qu’une réforme unilatérale du Sénat serait inconstitutionnelle, allant même jusqu’à spécifier que l’abolition de cette «institution fondamentale» exige le consentement unanime des provinces. Le dossier est donc loin d’être clos.
Sur la question du pipeline, la situation n’est guère plus limpide. Sans être pour ni contre, le NPD souhaite obtenir des clarifications sur le projet. Il se limite à parler d’examen et de suivis environnementaux plus rigoureux que ceux exigés par le gouvernement conservateur.
Questionné sur son refus de diriger la Table ronde sur l’économie et l’environnement, Thomas Mulcair a maintenu avoir tourné le dos aux offres de Stephen Harper non pas pour des questions d’argent, mais pour des principes, Kyoto étant un incontournable. Cela n’a pas empêché de faire parler sur ses accointances conservatrices dans ce dossier qui a fait la manchette à quelques occasions.
En clair, le chef du NPD a droit au traitement réservé au meneur. Il doit encore passer le test. Donner des réponses et garder son flegme sont deux éléments essentiels qui lui permettront de maintenir sa position et d’être vu comme un premier ministre en attente. C’est le lot des meneurs, qui doivent se positionner comme une alternative crédible au gouvernement en place. À ce titre, à quelques mois de l’élection, il n’aura pas de deuxième chance s’il rate sa première impression cet été.