C’était son septième budget, et pourtant, c’était le budget de l’an un pour le gouvernement majoritaire de Stephen Harper. Le budget Flaherty aura fait parler pendant des mois. Il aura été celui des toutes les spéculations. Coupures extrêmes, pertes d’emploi massives, tous les scénarios auront été évoqués. Même les agences de notation, celles qu’on aime détester, ont mis leur grain de sel : nul besoin pour le Canada de concocter un budget de grande austérité. Les économistes se sont même entendus pour dire que trop de restrictions pourraient avoir un effet négatif sur la croissance économique.
Si ce budget n’est pas celui de Paul Martin, qui avait réduit les dépenses des ministères de 9 % en deux ans et réduit la taille de la fonction publique fédérale de plus de 45 000 emplois – soit près de 14 % des emplois fédéraux – il n’en demeure pas moins qu’il annonce un changement de cap. Il présente une vision à long terme où le rôle du gouvernement fédéral sera celui des grandes orientations, et celui des provinces celui de la prestation de services. Reste encore à voir comment tout ça s’articulera et, surtout, se financera. La suite des budgets, dont ceux du Québec, du Nouveau-Brunswick et surtout de l’Ontario a illustré à quel point le cadre actuel contraint les provinces.
Le plan Emploi, croissance et prospérité à long terme offre des leviers pour l’emploi, mais comporte aussi des coupes majeures, notamment l’abolition de 19 200 postes de fonctionnaires. Si on doit apprécier le fait que ce n’est pas du mur à mur, il n’en demeure pas moins que les restrictions de 5,2 G$ – ou 6,9 % – toucheront durement le fonctionnement de certains ministères. La Défense, la Sécurité publique, la Coopération internationale, la Santé et l’Agriculture verront leur budget réduit de 10%.
Avis aux intéressés: pour ce qui est de la retraite, c’est sans surprise les plus jeunes qui devront prendre leur mal en patience. L’âge d’éligibilité passera ainsi de 65 à 67 ans en 2029. On peut par ailleurs se réjouir du fait que le déficit soit moindre, comme ça le fardeau de la dette sera moins lourd à porter.
La performance de l’économie canadienne aura sans doute permis d’éviter le pire. La direction est donnée, mais on ne connaîtra pas tous les effets de ce budget immédiatement. Ce n’est que dans les prochains jours que l’on pourra pleinement mesurer cet effet. Le diable est dans les détails.