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Jean François Lisée est élu chef du PQ

Photo: Photos: Chantal Levesque et Josie Desmarais
Alexandre Robillard, La Presse canadienne - La Presse Canadienne

LÉVIS, Qc — Jean-François Lisée a été élu chef du Parti québécois (PQ), vendredi, au terme d’une campagne où il a effectué une spectaculaire remontée contre le favori Alexandre Cloutier.

Dans un discours devant des militants réunis dans un centre de congrès, M. Lisée, dont la victoire semblait loin d’être assurée en début de course, a affirmé que le PQ n’était pas près de disparaître, malgré des prédictions qui se sont toujours révélées fausses.

«Le PQ est là pour durer, a-t-il dit. Le projet indépendantiste est irréductible.»

Au premier ministre Philippe Couillard, pour qui la souveraineté «n’a plus d’avenir au Québec», M. Lisée a formulé une mise en garde.

«Le chef du PLQ Philippe Couillard a ajouté son nom à la longue liste des faux prophètes fédéralistes», a-t-il dit.

Deux tours ont été nécessaires pour déterminer le gagnant de la course à la succession de Pierre Karl Péladeau. M. Lisée a obtenu 50,63 pour cent des suffrages exprimés par les militants lors du scrutin préférentiel, tandis que M. Cloutier a reçu 31,7 des votes.

M. Lisée, âgé de 58 ans, a été le conseiller des premiers ministres Jacques Parizeau, notamment durant la campagne référendaire de 1995, et Lucien Bouchard.

Député de la circonscription de Rosemont depuis 2012, M. Lisée, qui a été journaliste, était ministre des Relations internationales dans le dernier gouvernement péquiste.

Dans un discours, qui a duré plus de 30 minutes, M. Lisée, qui devient le neuvième chef de PQ, a affirmé que la formation politique sortait revigorée de cette course.

«On ne pouvait pas demander meilleure répétition générale pour préparer la prochaine victoire: celle des élections d’octobre 2018, a-t-il dit. Imaginez un instant l’énergie des organisations de Paul, d’Alexandre, de Martine et de ma campagne, combinée vers un objectif commun. Les jours du gouvernement Couillard sont comptés.»

M. Lisée a rendu hommage à ses collègues candidats, répétant à M. Cloutier que son offre de le choisir pour ministre de l’Éducation tenait toujours.

De Mme Ouellet, qui a fini avec 17,6 pour cent au deuxième tour, il a souligné la détermination et la fougue, qui «ne cessent de nous émerveiller».

«Tu n’es pas, Martine, une force tranquille, mais tu es une force, encore plus aujourd’hui qu’il y a six mois ou un an», a-t-il dit.

M. Lisée s’est également adressé aux électeurs libéraux, à qui il a tendu la main, en les assurant qu’il n’y a «pas de honte à avoir honte d’un gouvernement honteux».

«Des gouvernements libéraux, il y en a eu des exceptionnels, comme celui de Jean Lesage, a-t-il dit. Il y en a eu des moyens. Mais des mauvais comme celui qui gouverne en ce moment, on n’a jamais vécu ça de notre vivant.»

M. Lisée a affirmé que René Lévesque a été le premier à critiquer les seuils d’immigration.

«Il fut en son temps, accusé de tous les noms, a-t-il dit. Xénophobie, racisme, nazisme, il n’y avait pas de limite. Cela ne l’a pas empêché d’avancer pour le bien du Québec.»

Aux anglophones, M. Lisée a également lancé son appel à mettre fin au règne des libéraux, dans un passage substantiel de son discours livré en anglais.

«Comme chef, je vais m’assurer que nous ayons un dialogue fructueux à propos de qui nous sommes et de ce que nous pouvons construire ensemble», a-t-il dit.

M. Lisée a qualifié la Coalition avenir Québec de parti fédéraliste «né vieux» et il a ouvert sur la gauche la porte à Québec solidaire pour «regarder ensemble sur la carte électorale comment on peut faire élire davantage de députés progressistes et souverainistes».

Paul St-Pierre Plamondon, seul non élu de la course, a été éliminé au premier tour, avec un score de 6,8 pour cent.

M. Lisée avait retiré sa candidature, l’an dernier, devant le peu de chances de faire bonne figure face à M. Péladeau, qu’il avait qualifié de «bombe à retardement» en raison des risques de conflits d’intérêts avec son conglomérat Québecor.

Cette année, M. Lisée a lancé sa campagne en promettant «un ostie de bon gouvernement», après l’élection de 2018, et en reportant toute possibilité de référendum au mandat de 2022.

Les premiers sondages plaçaient M. Cloutier en avance, mais M. Lisée a réussi à effectuer une importante remontée. À la mi-septembre, deux enquêtes d’opinion le montraient au coude à coude avec M. Cloutier, qui a reconnu que l’écart s’était resserré.

M. Lisée a réussi à marquer des points contre son adversaire avec un style désinvolte qui ne l’a pas empêché d’asséner de solides coups stratégiques à son rival.

M. Cloutier, qui avait choisi le rythme prudent du meneur, a été forcé d’accepter de participer à tous les débats des candidats, après avoir laissé échapper, en marge d’un caucus péquiste à Gatineau, que ses adversaires avaient peur de perdre.

M. Lisée a profité du débat de Sherbrooke pour s’imposer, avec un «heille» bien senti, en réponse à une attaque de M. Cloutier qui lui reprochait d’avoir déjà envisagé une privatisation partielle d’Hydro-Québec.

À Drummondville, une attaque de M. Cloutier contre M. Lisée, sur le thème de la laïcité, s’est retournée contre lui. Le candidat, qui accusait son rival de vouloir susciter la division avec «une charte 3.0», a dû admettre qu’il adoptait une position édulcorée comparativement à ce qu’il promettait durant la course contre M. Péladeau.

Le retrait de Véronique Hivon, pour raisons de santé, en août, a changé la donne au profit de M. Lisée, qui a récupéré dans son équipe quatre des cinq députés qui appuyaient la candidate, contre un seul pour le camp Cloutier.

Les thèmes de la laïcité et de l’immigration ont occupé une grande place dans la course quand, en réponse à une attaque du camp Cloutier, Jean-François Lisée a associé la campagne de son adversaire au prédicateur controversé Adil Charkaoui.

Devant les menaces dont il était la cible sur les réseaux sociaux, M. Cloutier a demandé la protection de la police.

En fin de campagne cette semaine, M. Lisée minimisait l’impact de cet épisode sur sa progression, un avis qui n’était pas partagé par M. Cloutier, qui a misé sur un discours d’ouverture en s’engageant à n’interdire les signes religieux qu’aux fonctionnaires en position d’autorité comme les juges et les policiers.

M. Lisée a également fait cette proposition, en ajoutant qu’une préférence non contraignante serait formulée également dans la fonction publique et en se montrant ouvert à discuter de la possibilité d’interdire la burqa dans les lieux publics.

Les échanges musclés dans la campagne ont créé l’impression que la réconciliation pourrait être plus difficile que l’an dernier, où la position de meneur incontesté de M. Péladeau avait eu pour effet de contenir les attaques.

En point de presse, M. Cloutier a reconnu que la politique offre parfois des moments difficiles, ce qui ne l’a pas empêché d’évoquer «peut-être, une prochaine course au leadership».

«Moi je les assume entièrement, entièrement, entièrement et je n’ai absolument aucun reproche à faire à qui que ce soit, a-t-il dit. Je ne suis amer sous aucune forme. Par contre, il y a des moments difficiles en politique, une course au leadership c’est particulièrement exigeant.»

Martine Ouellet n’a pas exclu de faire valoir sa conviction qu’il faut un référendum dans le premier mandat du Parti québécois.

«Il y a un choix qui a été fait par les membres du PQ et je me rallie au choix des membres et comme vous l’avez entendu, je vais travailler pour l’indépendance du Québec», a-t-elle dit.

Aux journalistes, M. Lisée a refusé de dire si sa proposition de référendum en 2022 est conditionnelle à l’élection du PQ en 2018.

«Nous serons élus en 2018», a-t-il dit.

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