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Procès pour corruption électorale en Ontario

Allison Jones, La Presse canadienne - La Presse Canadienne

Le procès de deux organisateurs libéraux provinciaux de l’Ontario pour corruption électorale s’amorce jeudi et à neuf mois des élections générales, la première ministre Kathleen Wynne, qui sera elle-même appelée à la barre, pourrait risquer gros dans cette affaire judiciaire.

Pat Sorbara, qui était en 2015 présidente du Parti libéral de l’Ontario, fait face à deux chefs de corruption relativement à une élection complémentaire à Sudbury. Gerry Lougheed, un collecteur de fonds de Sudbury, fait face à un chef d’accusation de corruption. Les deux organisateurs clament leur innocence face à ces accusations portées en vertu de la Loi électorale et non du Code criminel.

Les libéraux souhaitaient regagner cette circonscription qu’ils avaient détenue pendant une vingtaine d’années, mais qui leur avait échappé quelques mois plus tôt aux mains d’un néo-démocrate. Andrew Olivier, qui avait perdu la circonscription aux élections générales de 2014, voulait se représenter à l’élection partielle, mais Mme Wynne avait un autre plan: convaincre le député fédéral néo-démocrate Glenn Thibeault de passer dans le camp libéral au provincial.

Pat Sorbara est notamment accusée d’avoir promis à M. Thibeault «un bureau ou un emploi», ce que les deux démentent. Finalement élu, M. Thibeault a été nommé ministre de l’Énergie l’an dernier. Par ailleurs, Mme Sorbara et M. Lougheed sont accusés d’avoir promis un emploi ou une nomination à Andrew Olivier s’il acceptait de céder sa place à Gerry Thibeault.

Mme Wynne soutient qu’elle avait déjà décidé que M. Olivier ne serait pas le candidat libéral dans Sudbury au moment où Mme Sorbara et M. Lougheed lui ont parlé — ce qui prouve, selon elle, qu’on n’a pas pu lui promettre de récompenses pour céder sa place. La première ministre soutient plutôt qu’elle voulait alors garder M. Olivier dans la famille libérale.

Conversations enregistrées

Le procès, qui devrait durer 21 jours, tournera essentiellement autour de cette chronologie des événements, du ouï-dire et de la crédibilité des témoins, estime Nadia Verrelli, chargée de cours en science politique à l’Université laurentienne, à Sudbury. Or, M. Olivier est quadriplégique: plutôt que de prendre des notes, il enregistre toutes ses conversations importantes. Il l’a fait avec Mme Sorbara et M. Lougheed, mais sa conversation avec Mme Wynne n’aurait pas été enregistrée à cause de problèmes techniques. La première ministre doit témoigner mercredi prochain.

«Kathleen Wynne s’était peut-être fait une idée (sur le candidat), mais la question est de savoir si elle l’avait communiquée à ses adjoints», soutient Mme Verrelli.

La Police provinciale de l’Ontario avait mené son enquête en vertu du Code criminel et de la Loi électorale. Mme Sorbara n’a pas été accusée au criminel, mais M. Lougheed a été accusé d’avoir «conseillé une infraction qui n’a pas été commise» et d’avoir «influencé ou négocié une nomination». Ces accusations ont toutefois été abandonnées par la suite.

«Politiquement, ce n’est jamais très bon», indique Nadia Verrelli. Car à quelques mois des élections générales de juin 2018, la campagne pourrait être monopolisée par l’intégrité des libéraux plutôt que par leur bilan et leur programme, estime-t-elle.

D’autant qu’au moment où s’ouvre ce procès, un autre tribunal doit se pencher sur l’annulation de deux projets de construction de centrales au gaz naturel en Ontario. Cette affaire nébuleuse implique des conseillers du prédécesseur de Mme Wynne, Dalton McGuinty, mais l’opinion publique fait parfois des amalgames.

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