Bell-Astral: la SSJB et Legault contre l'achat
MONTRÉAL – La Société Saint-Jean-Baptiste (SSJB) de Montréal et le chef de la Coalition Avenir Québec (CAQ), François Legault, ont joint leur voix, vendredi, au concert de protestations contre l’éventuelle acquisition d’Astral Media (TSX:ACM.A) par Bell Canada Entreprises (TSX:BCE).
Dans un communiqué, le président de la SSJB, Mario Beaulieu, a déclaré qu’il s’agissait d’une très mauvaise nouvelle pour le Québec tant sur le plan économique que culturel et linguistique. Il a dit craindre que cette transaction se traduise en effet par la perte du siège social d’Astral Media à Montréal.
M. Beaulieu a souligné que, depuis la vente de Bell au Régime de retraite des enseignantes et enseignants de l’Ontario, les décisions de l’entreprise se prenaient de plus en plus à Toronto même si le siège social se trouvait toujours au Québec.
Il a affirmé que Bell avait fait un virage vers le marché anglophone et adopté l’anglais comme langue de travail, notant au passage que le président et chef de la direction de la compagnie, George Cope, était un unilingue anglophone.
Selon Mario Beaulieu, si l’achat se concrétise, le même phénomène d’anglicisation risque de se produire avec Astral Media, éloignant ainsi de nombreuses chaînes spécialisées des «sensibilités québécoises».
François Legault a exprimé des inquiétudes similaires vendredi lors d’un point de presse dans le Centre-du-Québec.
«Je pense que cette transaction est mauvaise pour le Québec et pour Montréal, a déclaré le leader caquiste. Toutes les personnes que j’ai consultées qui sont dans cette industrie-là me disent qu’à terme, il va y avoir beaucoup d’emplois qui vont être transférés à Toronto.»
Pour prévenir ce genre de situation et protéger les «fleurons» du Québec, M. Legault a proposé que la Caisse de dépôt et placement du Québec approche les groupes détenant des blocs d’actions importants au sein des 25 plus grandes entreprises de la province afin de les convaincre de ne pas vendre à des compagnies provenant de l’extérieur.
De son côté, V a annoncé vendredi dans un communiqué qu’elle ne s’opposerait pas au projet de Bell, mais qu’elle souhaitait que le Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC) tienne compte de l’impact que la reconfiguration du marché télévisuel de langue française pourrait avoir sur les télédiffuseurs privés indépendants.
La sortie de la SSJB survient trois jours après que Québecor (TSX:QBR.A), Cogeco (TSX:CCA) et Eastlink eurent acheté une pleine page de publicité dans les grands quotidiens canadiens pour dénoncer la transaction.
Les trois importants diffuseurs soutiennent que l’acquisition d’Astral Media permettrait à Bell de faire passer sa part du marché télévisuel canadien de 29 à 38 pour cent, une proportion qu’ils estiment excessive et nuisible pour la concurrence.
Au Québec, Québecor détient environ 30 pour cent du marché télévisuel alors qu’Astral en possède le tiers et que Radio-Canada, V et les autres joueurs se partagent le dernier tiers.
À Toronto vendredi, le titre de Bell a pris 25 cents pour clôturer à 45,04 $ pendant que celui d’Astral s’améliorait d’un cent à 48,63 $.