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Ex-dg de Laval: Vaillancourt avait ses préférences

MONTRÉAL – L’ancien directeur général de la Ville de Laval, Claude Asselin, a impliqué directement l’ex-maire Gilles Vaillancourt dans le système d’octroi des contrats aux entrepreneurs en construction de Laval, affirmant que dès 1996-1997, le maire lui a indiqué sa préférence pour un entrepreneur donné.

Devant la Commission Charbonneau, mardi, M. Asselin a raconté la première demande du maire, formulée après une séance du comité exécutif où on avait autorisé un appel d’offres.

«Le maire _ on était juste deux dans son bureau _ m’a demandé ‘est-ce que c’est possible d’arriver à tel résultat?’, c’est-à-dire tel entrepreneur pour ce contrat. J’ai dit ‘je ne sais pas, je vais voir’. J’ai communiqué cette commande, cette demande, à mon directeur de l’ingénierie, Claude DeGuise, en disant ‘c’est le résultat auquel le maire souhaiterait arriver’», a relaté l’ancien dg.

Bien qu’il ait décrit Gilles Vaillancourt comme un «chef incontesté, verbomoteur, vendeur et manipulateur», il a assuré que le maire ne vérifiait pas, après coup, si ses demandes avaient été respectées.

«Jamais le maire ne m’a demandé le résultat. Il ne m’a jamais non plus parlé du deux pour cent ou des questions dont on a beaucoup entendu parler ici et dont j’avais entendu parler moi-même. Il ne m’a jamais parlé de ses caisses électorales. Il ne m’a jamais demandé de vendre des billets, ou de quoi que ce soit, d’aucune façon», a-t-il martelé.

Il a aussi précisé que ce ne sont pas tous les contrats publics octroyés par la Ville de Laval qui suivaient cette voie.

Pas dans ma définition de tâches

L’ex-dg de la Ville a admis que dès 1996, il avait entendu parler de rumeurs concernant des actes de collusion et de partage des contrats à Laval. «C’est de connaissance de tous qu’il se passe des choses», a-t-il avoué.

Mais il a soutenu que ce n’était pas dans sa définition de tâches de les dénoncer, et ce, même s’il y a déjà eu des enquêtes policières sur l’octroi de contrats à Laval. «Je n’avais pas à aller parler de ça dans ma fonction. Je n’avais pas à intervenir; ce n’était pas ma job», a-t-il affirmé.

Il a même laissé entendre que dans d’autres villes, «à Montréal ou ailleurs», il y avait eu de telles rumeurs de collusion et que les directeurs généraux n’avaient rien dénoncé.

«Êtes-vous en train de dire qu’un directeur général qui se rend compte qu’il y a des malversations ou qu’il y a des choses qui ne sont pas correctes qui se passent dans sa ville, il n’a pas le mandat de le dénoncer?» lui a demandé la juge France Charbonneau.

«Comment les dénoncer?» a-t-il répondu, avant d’ajouter que «si tout ce contexte-là se reproduisait maintenant, je pense que oui, il y aurait moyen d’intervenir. Ça peut se faire.»

Quand le procureur de la commission, Me Paul Crépeau, lui a demandé s’il avait adopté des mesures pour contrer cette collusion, M. Asselin a encore exprimé son impuissance. «Je n’avais pas les moyens de faire ça comme directeur général. Je ne vois pas quelle était ma capacité d’intervention dans ce domaine-là. Je n’étais pas en mesure, moi, de faire des accusations ou de pointer des choses. Ce n’était pas dans mon mandat, si on veut, d’agir comme ça.» Il laissait cela «à la police».

Claude Asselin a été arrêté le 9 mai dernier avec 36 autres personnes lors d’une rafle policière à Laval. Il est accusé de gangstérisme, de fraude, de complot pour corruption, de complot pour fraude notamment.

Son témoignage se poursuit mercredi.

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