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Actions des pilotes: Air Canada a une ordonnance

Ross Marowits - La Presse Canadienne

MONTRÉAL – Air Canada a obtenu une ordonnance requérant à ses pilotes de retourner au travail après l’annulation de vols vendredi, et prévoyait rétablir son service complet samedi, mais le plus important transporteur au pays pourrait tout de même subir une coûteuse réprobation des consommateurs à l’approche de la saison estivale.

La décision du Conseil canadien des relations industrielles (CCRI) a été annoncée après l’annulation de vols, vendredi, pour une troisième fois en moins d’un mois.

Des vols ont été annulés ou retardés à travers le pays après qu’un nombre inhabituel de pilotes eurent pris un congé de maladie, ce que le transporteur aérien a qualifié de mesure «illégale».

Plus de 60 vols qui devaient décoller ou atterrir à Toronto ont été annulés, tandis que plusieurs autres ont été retardés, d’après le site internet de l’Aéroport Pearson. Le transporteur faisait état d’environ 75 vols annulés. Des passagers ont aussi été incommodés à Montréal, Ottawa, Vancouver, Calgary, Edmonton et Winnipeg.

Le président de l’Association des pilotes d’Air Canada, le capitaine Paul Strachan, a dit ne pas s’étonner que des employés frustrés effectuent de telles actions après que le gouvernement eut provoqué par une loi spéciale le retour au travail des pilotes.

«Si l’on continue dans cette voie, on pourrait se rendre à un point où les pilotes prendraient eux-mêmes les choses en mains et la capacité de n’importe quelle partie d’influer le cours des événements serait compromise, incluant la nôtre», a-t-il exprimé en entrevue.

Les perturbations ont fait de ce vendredi 13 un vrai jour de malchance pour des milliers de voyageurs qui n’ont pu se rendre à leur destination comme prévu.

«Je ne suis pas impressionné et je vais probablement envisager certaines solutions de rechange comme WestJet à l’avenir», avait indiqué Martin, un résident de Burlington, en Ontario, qui n’a accepté que de fournir son prénom, à l’Aéroport international Montréal-Trudeau.

«La dernière fois que j’ai volé, il y a quelques semaines, le vol a été annulé environ une heure avant le décollage alors j’ai dû me dépêcher pour trouver une solution.»

Le voyageur de 36 ans estime que ces dérangements vont frustrer tous les passagers et probablement nuire à la réputation d’Air Canada.

Des vols avaient aussi été annulés le 18 mars en raison d’un fort taux d’absentéisme des pilotes et de problèmes sur les pistes de décollage. Une semaine plus tard, des employés au sol ont inopinément déclenché une grève, affectant plusieurs vols d’Air Canada.

Vendredi, l’Association des pilotes d’Air Canada disait avoir avait demandé à ses membres d’aller travailler comme d’habitude, sans tenir compte des pilotes dissidents qui ont suggéré à leurs collègues de demander une journée de maladie. Le groupe assure qu’aucun mot d’ordre n’a été envoyé à ses membres.

En mars, la ministre fédérale du Travail, Lisa Raitt, avait soumis le conflit avec les 8600 pilotes et employés au sol d’Air Canada au Conseil canadien des relations industrielles.

Une loi spéciale interdisant tout arrêt de travail chez le transporteur a été adoptée par les Communes à la mi-mars.

Les pilotes d’Air Canada sont toujours sans contrat de travail et les négociations sont dans une impasse.

Air Canada a affirmé vendredi que le CCRI a délivré une ordonnance déclarant que «certains pilotes participaient à une grève illégale».

La décision appelle le syndicat à prendre toutes les mesures raisonnables pour mettre fin immédiatement à cette grève «illégale», a indiqué le transporteur.

Le chef de l’exploitation Duncan Dee a affirmé vendredi que le transporteur avait été en mesure de «réacheminer par d’autres vols la plupart des clients touchés», reconnaissant que les voyageurs ont été «contrariés par les moyens de pression».

«Nous les remercions de leur patience et de leur fidélité, alors que nous redoublons d’ardeur pour rétablir leur confiance en Air Canada», a exprimé M. Dee par communiqué.

Il a aussi salué «la vaste majorité des pilotes d’Air Canada qui se sont présentés au travail». «Ils se sont acquittés de leurs fonctions comme les vrais professionnels qu’ils sont. Je les remercie, eux et tous les autres employés d’Air Canada», a dit le chef de l’exploitation.

Avec la désignation d’arbitres possiblement la semaine prochaine, il est temps pour toutes les parties de revoir leurs stratégies, a soutenu le président du syndicat.

Les arbitres auront 90 jours à partir de leur désignation pour remettre leur décision.

Des analystes du secteur soutiennent que l’incertitude entourant les divers arrêts de travail pourrait décourager les consommateurs de choisir Air Canada durant la saison estivale.

«Il s’agit vraiment d’une situation de laquelle Air Canada ne peut sortir gagnant», a fait valoir Gabor Forgacs, de l’école de gestion Ted Rogers de l’Université Ryerson, à Toronto.

Selon M. Forgacs, le plus grand transporteur aérien au pays court un risque réel de voir ses clients se tourner vers des concurrents.

«Si les voyageurs sont inquiets, il leur importera peu de pays un tarif différent en échange de la certitude de voir leur transporteur les emmener où ils doivent aller», a-t-il poursuivi lors d’un entretien.

Les annulations donnent en outre raison aux voyageurs qui prennent la décision de traverser la frontière américaine pour aller profiter des vols à meilleurs prix, a ajouté M. Forgacs.

Isabella Caporici, de l’Agence de voyages NDG à Montréal, a dit croire que le transporteur avait désespérément besoin de régler ses difficiles relations de travail car certains clients ont déjà tourné le dos à Air Canada.

«J’ai eu des clients qui m’ont dit « Oubliez ça, je ne veux pas d’Air Canada, je ne veux pas être pris dans leurs problèmes», a-t-elle relaté en entrevue.

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