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Grève au Canadien Pacifique: Ottawa interviendra

Photo: Archives Métro

OTTAWA – Le gouvernement fédéral compte présenter dès lundi un projet de loi pour mettre un terme à la grève des quelque 3300 conducteurs de trains et autres employés du Canadien Pacifique.

Une source gouvernementale a révélé à La Presse Canadienne que ce projet serait déposé lundi matin. Le gouvernement avait d’ailleurs affiché ses intentions dès vendredi en inscrivant le projet de loi au feuilleton de la Chambre des communes.

La grève au Canadien Pacifique (TSX:CP) a été déclenchée après l’incapacité des deux parties d’en arriver à une entente avant l’échéance fixée à 00h01, dimanche. La Conférence ferroviaire de Teamsters Canada représente les 3300 travailleurs en grève.

Le projet, intitulé «Loi prévoyant la reprise des services ferroviaires», sera présenté par la ministre du Travail, Kellie Leitch, qui a été impliquée dans les négociations entre les deux parties, la semaine dernière. Dans une déclaration publiée samedi soir, la ministre a clairement indiqué que le gouvernement entendait mettre fin à la grève rapidement.

«Compte tenu de ce mépris manifesté à l’égard des Canadiens et de l’économie canadienne, notre gouvernement étudiera toutes les options qui s’offrent à lui pour mettre fin à tout arrêt de travail dans les plus brefs délais, y compris le dépôt d’un projet de loi au Parlement», a déclaré Mme Leitch.

Peter Edwards, vice-président des ressources humaines et des relations industrielles au Canadien Pacifique, a exprimé son appui à la démarche du gouvernement.

«Ce que nous espérons vraiment, c’est un accord qui fonctionnera pour les deux parties, mais nous n’avons pas réussi à y arriver, a-t-il dit. Nous soutenons (une démarche) qui permettra à nos bons cheminots de retourner au travail.»

M. Edwards a précisé que même si «la porte est ouverte» à la poursuite des discussions avec le syndicat, aucune séance de négociation additionnelle n’est prévue pour l’instant.

Dans un message publié sur le site Internet du syndicat, le président des Teamsters, Douglas Finnson, s’est dit déçu «du favoritisme évident du gouvernement envers la position de l’entreprise».

Le Canadien Pacifique a précisé qu’il aurait recours au personnel de gestion pour assurer un service réduit de transport de marchandises sur son réseau canadien, mais M. Edwards a indiqué qu’il ne savait pas combien de trains pourraient circuler de cette façon.

Un syndicat américain mécontent

Un syndicat américain s’est joint à la dispute, dimanche soir, en accusant le Canadien Pacifique de menacer les conducteurs de train américains qui travaillent des deux côtés de la frontière de leur imposer des sanctions disciplinaires s’ils refusent de franchir les piquets de grève canadiens.

Dennis Pierce, président du syndicat Brotherhood of Locomotive Engineers and Trainmen, a également indiqué avoir appris que des conducteurs de train américains seraient forcés de conduire des trains transportant des marchandises dangereuses sur des trajets canadiens avec lesquels ils ne sont pas familiers.

«Ce manque de respect flagrant envers la sécurité des membres (du syndicat) et du public doit cesser», a déclaré M. Pierce dans un communiqué.

La direction du Canadien Pacifique n’a pas immédiatement commenté les allégations du syndicat américain.

Dimanche après-midi, le porte-parole de l’opposition officielle en matière de travail, Alexandre Boulerice, a déclaré à La Presse Canadienne que le Nouveau Parti démocratique (NPD) allait voter contre le projet de loi du gouvernement.

«Les conservateurs sortent systématiquement le marteau pour assommer les travailleurs, et cela vient complètement briser l’équilibre des forces autour de la table de négociation. Et nous le savons, les conservateurs sont toujours du même côté, celui des employeurs.»

Le député de Rosemont—La Petite-Patrie estime que ce projet de loi «va contre la décision de la Cour suprême du Canada, qui a rappelé il y deux semaines que le droit d’exercer des moyens de pression et de faire la grève est un droit fondamental pour les salariés de l’ensemble du pays».

Trains de banlieue

Cet arrêt de travail entraînera des perturbations dans le transport des marchandises à travers le pays, mais aussi dans les services de trains de banlieue, notamment dans la grande région de Montréal.

Les usagers des lignes de trains de banlieue de Candiac, Vaudreuil-Hudson et Saint-Jérôme de l’Agence métropolitaine de Transport (AMT) seront touchés.

L’AMT déploiera à partir de lundi matin un service d’autobus pour pallier à l’absence de trains. Les autobus nolisés mis en place ne suivront toutefois pas l’horaire habituel des trains; ils circuleront en continu afin d’accommoder la clientèle.

La Coalition avenir Québec (CAQ), qui s’attend à une période de pointe «catastrophique» lundi matin, estime que cette solution de rechange n’est pas suffisante et demande au ministre provincial des Transports, Robert Poëti, de mettre en place des mesures «efficaces».

«Il faut des mesures plus musclées et le ministre a la responsabilité de s’asseoir avec l’Agence pour travailler sur un plan d’urgence», a déclaré dans un communiqué le porte-parole de la CAQ en matière de transports, Claude Surprenant.

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