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Buffy Sainte-Marie dénonce la mode des coiffes

Buffy Saint-Marie. Chris Young / La Presse Canadienne Photo: Chris Young

TORONTO – La chanteuse autochtone Buffy Sainte-Marie n’en peut plus de la mode persistante des coiffes indiennes traditionnelles portées par des spectateurs et spectatrices aux concerts de musique ces temps-ci.

Dans une entrevue accordée cette semaine à Toronto, la chanteuse crie, aujourd’hui âgée de 74 ans, rappelle que ces coiffes font «intrinsèquement partie» du patrimoine autochtone, et que cette appropriation est «déplacée, pas amusante du tout et nuit» à l’image des Premières Nations.

Buffy Sainte-Marie s’est dite dégoûtée et blessée de voir des filles en talons hauts et en culotte de bikini, avec des cache-tétons sur les seins, se promener avec une coiffe amérindienne sur la tête, au milieu d’une foule à moitié saoule. Pour elle, c’est comme si on voyait un lutteur burlesque à la télévision avec la photo de notre grand-mère sur le devant du maillot, à hauteur du sexe.

Les coiffes indiennes traditionnelles, avec leur spectaculaire panache de plumes, sont devenues très tendance depuis quelques années dans les spectacles rock — surtout ceux donnés en plein air. Jessica Simpson en porte une sur son compte Instagram, comme l’a fait Pharrell Williams dans les pages d’«Elle UK», Karlie Kloss lors d’un défilé de Victoria’s Secret, Gwen Stefani dans une vidéo et Vanessa Hudgens au festival californien Coachella.

Certains festivals ont tenté récemment de tuer la tendance en interdisant aux spectateurs et aux artistes sur scène de porter la coiffe amérindienne — comme Osheaga, en fin de semaine dernière à Montréal, ou le prochain Heavy Montreal, en fin de semaine prochaine, mais aussi les événements WayHome, Boots and Hearts, Ile Soniq et le festival folk d’Edmonton.

Buffy Sainte-Marie déplore tout de même que la tendance ait encore la vie dure. «On la voit beaucoup en Europe, particulièrement en Allemagne», soutient l’auteure-compositrice interprète, qui fait partie de la «courte liste» pour les prix Polaris cette année, avec son album «Power in the Blood». «Il y en a qui portent des fausses coiffes faites main, très artisanales, et ces gens s’imaginent qu’ils nous font une fleur. Il faut leur dire» que ce n’est pas le cas.

La lauréate d’un Oscar, d’un Golden Globe, d’un BAFTA, d’un prix Gemini et de deux Juno ne va pas jusqu’à appeler au boycottage des festivals qui décident de laisser faire. Elle déplore plutôt l’ignorance populaire, et souhaite seulement que les gens apprennent ce que le port de cette coiffe signifie pour les membres des Premières Nations.

«Je ne veux pas dire aux gens quoi faire: si vous voulez vous comporter en abruti, ça vous regarde. Mais on veut que vous sachiez que certaines choses font partie intégrante de notre patrimoine culturel, et qu’elles sont très importantes pour nous.»

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