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La COP21 pour les nuls

Ontario Premier Kathleen Wynne and Quebec Premier Philippe Couillard look on as Prime Minister Justin Trudeau speaks during a news conference following the First Ministers meeting at the Canadian Museum of Nature in Ottawa on Monday, Nov. 23, 2015. THE CANADIAN PRESS/Adrian Wyld Photo: THE CANADIAN PRESS

La Conférence sur le climat débute à Paris dimanche prochain. Durant les 14 jours qui suivront, vous entendrez beaucoup parler du climat. Voici donc un condensé de connaissances pour comprendre les enjeux (et épater vos amis), recueilli grâce à trois spécialistes du domaine qui ont plusieurs COP à leur actif.

C’est quoi?
COP est l’acronyme de Conference of parties. Ce type de réunion se tient annuellement depuis 1995. L’enjeu de la 21e conférence, qui a lieu à Paris cette année, est d’adopter un accord, étant donné l’échec de Copenhague en 2009. Pour la première fois, TOUS les pays devront fournir des cibles de réduction des gaz à effet de serre (GES). «Ce n’est pas un accord qui va sauver la planète, mais on a besoin d’encadrer la manière dont on va s’y prendre pour tenter de la sauver», explique Hugo Séguin, membre du Centre d’études et de recherches internationales (CERIUM).

Comment ça se passe?
Cette année, les chefs d’État sont conviés dès la première journée (et pas uniquement à la fin) pour lancer un message politique fort. «Tous, désormais, s’entendent sur les aspects scientifiques du réchauffement causé par les activités humaines, sur l’objectif de limiter la hausse des températures à 2°C et sur le fait que tous les pays (et non plus seulement les pays industrialisés) doivent faire leur part», indique M. Séguin.

Après la plénière d’ouverture, où les 195 pays vont tour à tour faire de grands discours, les négociateurs de chaque pays établiront l’agenda et les groupes de travail thématiques. La deuxième semaine, les ministres de l’Environnement et des Affaires étrangères arriveront sur place juste avant le dernier sprint de négociations, qui sera ininterrompu entre vendredi et dimanche matin.

Qu’est-ce qui sera à surveiller?
Au-delà des points convergents, il existe encore plusieurs points de divergence entre les parties. Les efforts qui ont été convenus entre les nations jusqu’à présent limiteraient la hausse des températures à 2,7°C, soit au-delà du seuil irréversible. D’où l’importance d’adopter une «clause cliquet» à Paris, qui prévoit que chaque pays doive améliorer ses cibles tous les 5 ans, sans qu’ils puissent revenir sur leurs engagements précédents.

Les pays devront aussi s’entendre sur un système de financement pour que les pays pauvres aient réellement accès aux 100G$ promis annuellement pour leur permettre d’adopter une économie plus verte. En ce moment, les pays pauvres exigent également l’établissement d’un mécanisme de compensation pour les catastrophes climatiques qu’ils subissent, mais les pays riches refusent encore d’admettre leur responsabilité face à l’augmentation de ces désastres naturels.

La suite?
Un des aspects de la décarbonisation des économies passe par la réforme des subventions aux combustibles fossiles – qui ont représenté 490G$ dans le monde en 2014. En gros, les pays riches dépensent cinq fois plus pour financer leurs industries énergétiques respectives que pour aider les pays pauvres à s’adapter aux changements climatiques.

Mais la tendance est en train de s’inverser, note Frédéric Gagnon-Lebrun, membre de l’International Institute for Sustainable Development à Bruxelles. Les subventions aux énergies renouvelables ont représenté 310G$ dans le monde en 2014 (16% par rapport à 2013). Il faudra néanmoins multiplier cette somme par 15 pour atteindre les objectifs de réduction des GES qui seront négociés à Paris, souligne-t-il.

L’autre aspect concerne le mouvement de désinvestissement vis-à-vis des entreprises liées à l’exploitation des combustibles fossiles. Près de 400 institutions (dont l’Université McGill) et 2000 individus membres du mouvement Divest-Invest disposant d’actifs s’élevant à 2600G$ ont promis de retirer les actifs qu’ils détiennent dans les entreprises liées aux industries fossiles.

Et au Canada?
Le Canada de Justin Trudeau arrivera à Paris avec les mêmes cibles que les conservateurs, mais le nouveau premier ministre a promis de rencontrer les provinces dans les 90 jours pour adopter des cibles plus ambitieuses.

«C’est un changement de ton, même par rapport au Parti libéral sous Jean Chrétien, qui avait adopté ses cibles de façon unilatérale alors que c’est aux provinces de les mettre en œuvre», note Annie Chaloux, professeure à l’École de politique appliquée de l’Université de Sherbrooke. La Communauté métropolitaine de Montréal sera représentée par Denis Coderre.

Si le Québec a adopté une forme de taxation des émissions de carbone, à l’instar d’une trentaine de pays ou d’États fédérés, le mécanisme est loin de tourner à plein régime. Au Québec, les droits d’émission d’une tonne de CO2 sont évalués actuellement à 13$ la tonne, soit 10 fois moins qu’en Suède et 5 fois moins qu’en Finlande ou qu’en Suisse, selon les données de la Banque mondiale.

La lutte pour la nature en cinq temps

1972
Dans son rapport Halte à la croissance publié en 1972, le Club de Rome dénonce l’impossibilité de maintenir une croissance économique infinie dans un monde aux ressources limitées.

1982
Les Nations unies adoptent la Charte mondiale de la nature, qui consacre l’importance de protéger les écosystèmes pour la survie de l’humanité. Le texte inaugure aussi la notion de générations futures.

1992
Le Sommet de la Terre de Rio de Janeiro voit l’adoption par 178 pays d’une convention-cadre sur les changements climatiques qui accorde à chaque être humain le droit à «une vie saine en harmonie avec la nature».

1997
Le protocole de Kyoto, qui cherchait à réduire les émissions de GES des pays signataires de 5% par rapport à leur niveau de 1990, a été le premier accord visant à diminuer l’impact du réchauffement sur l’être humain.

2005
Le rapport Évaluation des écosystèmes pour le millénaire est remis à l’ONU. Il indique que les écosystèmes ont changé davantage au cours des 50 dernières années que dans toute l’histoire de l’humanité.

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