Jutra: le plus fort, c’est Louis Cyr
nataliawysocka1 - Métro
Couronné de 9 trophées à la 16e cérémonie des Jutra dimanche, Louis Cyr: l’homme le plus fort du monde a également réalisé un grand doublé plutôt inhabituel, remportant à la fois le prix du meilleur film et celui du film québécois le plus vu de l’année.
«C’est assez rare qu’un film grand public réussisse à être le meilleur de l’année!» s’est réjoui au micro le producteur Christian Larouche en allant récupérer le trophée ultime de la soirée, celui du meilleur film, remis à Louis Cyr.
Un peu plus tôt, Antoine Bertrand, l’acteur qui a porté ce grand succès du box-office à bout de bras, venait d’être sacré Meilleur acteur. Au micro, il a fait preuve de beaucoup de classe, commençant par dire son admiration aux acteurs qui compétitionnaient avec lui. Ému aux larmes, il a également rendu hommage à sa mère et remercié son amoureuse, Catherine-Anne Toupin, faisant même pleurer l’animateur Laurent Paquin, qui n’a pas réussi à enchaîner après le discours du vainqueur.
La soirée de remise de prix, qui s’est terminée sur une note puissante et un souffle inspiré, avait également commencé de cette façon. Gagnant dans la catégorie du meilleur acteur de soutien ou, comme l’a appelée Paquin, la catégorie «mon-nom-est-sur-le-poster-mais-pas-ma-face-!», Guillaume Cyr, qui incarnait l’ami de Louis Cyr dans le biopic du même nom, a d’emblée plaidé pour plus d’audace dans le septième art: «Le cinéma doit être riche et original, et je pense que ça doit passer par de nouvelles faces!» Il a également lancé un cri du cœur pour que les gens se rendent en salle: «Vive le cinéma! Vive le Québec! Vive le cinéma québécois! Ça s’appelle le cinéma québécois, pas le DVD québécois!»
Sacrée Actrice de l’année en fin de cérémonie pour Vic + Flo ont vu un ours, Pierrette Robitaille s’est également montrée très distinguée: «Vive l’audace, vive le talent, vive la passion de Denis Côté!» a-t-elle lancé, soulignant qu’elle «ne connaît pas d’acteur qui ne rêve pas de rencontrer un jour son Denis Côté».
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Ce souffle passionné n’a pas traversé toutes les minutes du gala, mais la soirée a néanmoins offert de très beaux moments. Nommée Meilleure actrice de soutien pour sa prestation dans Gabrielle, Mélissa Désormeaux-Poulin a d’abord levé son chapeau à Micheline Lanctôt, la grande honorée de la soirée, «avec laquelle elle avait fait une pub quand elle avait sept ans». Elle a ensuite partagé son prix avec Gabrielle, la vraie, lui souhaitant «une longue carrière de comédienne».
Le nom de Gabrielle Marion-Rivard a d’ailleurs résonné souvent hier soir, plusieurs gagnants lançant des fleurs à l’actrice qui a tenu le rôle principal dans le film de Louise Archambault, et qui ne s’est pas retrouvée en nomination.
Du côté des hommages, Hollywood a salué le cinéma québécois. Dans une vidéo, plusieurs acteurs américains ont applaudi de grands cinéastes (qui n’étaient pas en nomination). Vanessa Paradis a dit toute l’admiration qu’elle porte à Jean-Marc Vallée. Hugh Jackman et Jake Gyllenhaal ont fait un clin d’œil à Denis Villeneuve, et Vince Vaughn a fait une boutade en parlant de Ken Scott: «Merci au cinéma québécois d’avoir produit un grand réalisateur qui n’est pas seulement excellent, mais également moins cher que les nôtres.»
Plus tard dans la soirée, Patrick Huard a encensé Micheline Lanctôt. Après son discours, le réalisateur Ted Kotcheff est apparu sur scène, causant une surprise gigantesque à l’honorée. Autre chose plutôt surprenante : durant tout ce temps, la renommée actrice et réalisatrice a dû éviter de tomber dans la trappe (!) qui se trouvait derrière elle (!). «J’ai mis mon nouveau linge», a-t-elle commencé par dire, soulignant porter une création d’Ariane Carle, fille de Gilles. Avec un sourire, elle a aussi lancé: «J’espère que ce ne sera pas le seul Jutra de ma carrière!» et a terminé par un message aux politiciens dans la salle: «Les artistes et la jeunesse sont les forces vives de notre société. Ne les oubliez pas.»
Le rappeur et acteur d’origine algonquine Samian, venu présenter un prix, a également prié les politiciens de faire un travail de mémoire en ce temps de campagne électorale, de «retourner aux racines». «On existe, même si on n’est pas nombreux.»
Notons enfin que dans la catégorie court ou moyen métrage d’animation, rebaptisée par Laurent Paquin «La catégorie Yé! Des p’tits bonhommes!», le prix a été remporté par Joël Vaudreuil pour Le courant faible de la rivière. Peut-être en réplique à la blague de l’animateur, peut-être pas, le réalisateur a lancé un bien trouvé: «Merci à ceux qui pensent que le cinéma, c’est de l’art, à ceux qui pensent que l’animation, c’est du cinéma et à ceux qui pensent que les courts métrages, c’est des films.» Voilà.
Dynamique duo
Pénélope McQuade, «fille de télévision», et Laurent Paquin, «gars d’humour», ont «montré que la télé, l’humour et le cinéma peuvent coexister». «C’est le monde du théâtre, le problème!» a complété Paquin.
Dans un film d’ouverture rigolo, on a vu les deux animateurs paniquer à l’approche du gala. Au fur et à mesure que les jours les séparant de cette tâche monstre diminuaient, ils se demandaient pourquoi diable ils avaient accepté la mission, Pénélope recréant Le démantèlement en jouets Playmobil, Paquin se dévêtant jusqu’à ne porter que ses boxers. On a ainsi échappé à ce numéro surexploité dans lequel les animateurs se glissent dans des scènes de films en nomination. Arrivés sur scène, devant un public qui semblait plutôt discret en termes de rires, ils ont procédé à la traditionnelle présentation des nommés, avec blagues à l’appui («Dans Vic et Flo ont vu un ours, y a pas d’ours», «Dans L’autre maison, il n’y a pas d’autre maison», «Louis Cyr qui “benche”, c’est le premier douchebag de l’histoire»…). Laurent Paquin a également proposé l’idée d’une comédie musicale inspirée de l’histoire de l’homme le plus fort du monde, qui a donné lieu à un numéro de chant et de danse au son du Locked Out of Heaven de Bruno Mars.
En somme, le duo a très bien joué son rôle, Pénélope McQuade montrant à quel point notre cinéma voyage, devant une carte géographique géante, Laurent Paquin blaguant que le cinéma s’accapare les humoristes. («Le monde s’en souvient pas, mais Bégin, avant d’être Curieux, il était drôle!»)
Très bien.
