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Maestro: s’élever par l’art

Photo: Filmoption international

Hommage à deux figures disparues, Maestro, de Léa Fazer, rappelle les bienfaits du cinéma et de la transmission.

L’acteur Jocelyn Quivrin a été marqué par sa participation au film Les amours d’Astrée et de Céladon, de feu Éric Rohmer. À tel point qu’il a écrit un scénario de long métrage pour raconter son expérience de tournage. Mais la Grande Faucheuse l’a emporté beaucoup trop tôt. C’est sa proche amie Léa Fazer, qui l’a dirigé dans Notre univers impitoyable et Ensemble, c’est trop, qui terminera son travail.

«Je voulais que ce film existe, explique au bout du fil la metteure en scène, jointe sur le Vieux Continent. Je trouvais que ne pas faire ce film, c’était comme faire mourir Jocelyn une deuxième fois. Il y avait quelque chose de lui, de son esprit, de sa vitalité et de son humour que j’avais envie de voir vivre dans un film.»

«L’accès à une certaine forme de culture peut être difficile. On n’a pas nécessairement toutes les clés […]. On a besoin d’un peu d’éducation. Mais une fois qu’on nous donne cette envie, alors on découvre des trésors précieux.»- Léa Fazer

En apportant sa touche personnelle à cette œuvre de fiction sur la relation entre un cinéaste de films d’auteur (Michael Lonsdale) et un comédien adepte de cinéma populaire (Pio Marmaï), la réalisatrice explore les rouages du septième art à la façon de La nuit américaine, de François Truffaut, se concentrant toutefois sur la transmission qui se fait entre un maître et son élève.

«C’est le cœur du film! s’exclame Léa Fazer. C’est la plus belle chose qui nous soit arrivée, à Jocelyn comme à moi. Bien sûr, l’amour, les enfants, tout ça, c’est très beau. Mais découvrir que cette forme de culture était possible, ça nous a donné l’impression d’ouvrir la plus grande porte qui soit. Surtout qu’on n’a jamais fini d’apprendre, de s’émerveiller. C’est une nourriture pour l’esprit dont on dispose pour toute la vie.»

S’affranchir de ses réflexes
La réalisatrice étant reconnue pour ses films légers et cocasses (Cookie, Bienvenue en Suisse), Maestro marque un tournant dans sa filmographie, puisqu’elle y abandonne son ton ludique et humoristique pour embrasser l’émotion, voire même la mélancolie.

«Ça m’a permis d’explorer ce que la comédie m’empêche d’exprimer, avoue-t-elle. L’humour, c’est aussi quelque chose qu’on utilise pour se protéger. Et j’ai peut-être un peu moins besoin de me protéger qu’avant… Dans Maestro, j’ai réussi mieux que dans mes autres films à me débarrasser du cynisme et de l’humour noir. J’ai réussi à garder l’humour et l’émotion, mais pas le grincement. Je pense que c’est très lié à ma rencontre avec Jocelyn, et à sa mort aussi. Quand j’ai repris le projet, j’écrivais dans la nostalgie de la personne qu’était Jocelyn, dans la nostalgie de sa présence.»

En salle dès aujourd’hui.

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