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Cinq à sept : Avec mes chums de filles

Photo: Ulysse del Drago/collaboration spéciale

L’an dernier, à La Licorne, Ils étaient quatre. Quatre gars. Désormais, sur la scène de l’Espace Go, elles sont trois. Trois filles qui dévoilent leur cœur en dansant au son d’un autre Cœur (de loup, celui-là). Santé.

Comme son titre le laisse sous-entendre, Cinq à sept est né à l’heure des cocktails de fin d’après-midi. En cette heure propice à la confidence, Geneviève Schmidt, Julie Le Breton et Kathleen Fortin ont jasé autour d’un verre. De plein de choses. D’amour, des drames de leur vie, du jugement des autres et de celui qu’on porte sur soi, de fidélité, d’aventures dans des lieux insolites, de tout.

Également présente à ces séances qu’on imagine s’être prolongées bien après 19 h? La comédienne Bénédicte Décary, qui a dû se désister du projet et à laquelle les trois actrices font un clin d’œil sur scène («Il le fallait! On la trouvait franchement beaucoup plus intéressante que nous!» rigole Geneviève Schmidt). Sur place aussi: le metteur en scène et initiateur de la création Mani Soleymanlou et la dramaturge Fanny Britt, qui a tiré de ces échanges un texte d’un rythme fou où les observations grinçantes, les confessions déstabilisantes et les aveux dansés se bousculent, brouillant les frontières entre la réalité déformée et l’inventé réaliste.

Car les comédiennes parlent au «je», portent leur vrai prénom et lancent des observations qu’on devine émaner d’elles, de leur vécu.

Geneviève Schmidt, excellente actrice qu’on a pu voir dans Les beaux malaises et Unité 9, le confirme: «Quasiment tout part de nous. Il n’y avait aucun jugement! On pouvait se lâcher lousse!» Go Geneviève, raconte-nous.

Même s’il y a des passages plus durs, c’est une pièce où vous dites des choses qu’il fait bon entendre. En tant qu’actrice, est-ce que ce sont aussi des choses qu’il fait bon dire?
Moi, ça me fait du bien de pouvoir dire des choses comme ça! (Rires) Il faut les assumer… et on n’a jamais reculé! C’était un défi. Mais je pense que Mani a fait un beau casting. On est quand même trois filles assez willing!

Durant votre cinq à sept, on se sent comme dans une vraie soirée où on boit, où on raconte des blagues, où, à un moment, on rit aux éclats, et le coup d’après, quelqu’un fait une confidence…
… qui te bouleverse. C’est comme un party arrosé où, à un moment, l’alcool, inconsciemment, fait de l’effet. Et soit tu pètes une coche et tu te mets à danser sur Cœur de loup, soit tu pleures sur quelque chose! Je trouve que c’est comme si le public avalait, lui aussi, de l’alcool peu à peu. Et comme si nous, on s’immisçait dans sa tête, dans son corps, dans ses rires. Aussi bien les hommes que les femmes sont complètement «flabbergastés» par tous les propos qu’on lance en 53 minutes! (Rires)

Vous posez des questions immenses sur scène, notamment par rapport au désir d’avoir des enfants ou pas. Sentez-vous que cette pièce vous a permis de répondre à certaines interrogations?
Mes questions étaient là avant le show et vont être là après aussi. Mais ça m’a permis de mettre des mots sur les bobos, sur le questionnement. Fanny est très bonne pour ça! Des fois elle me parlait et je faisais: «Mon dieu! Elle vient de m’expliquer en deux phrases ce que je ressens depuis des années!» Malheureusement, les questionnements restent. Je pense que ça fait partie de la vie! C’est comme avec le public: les gens vont repartir avec plein de questions, et malheureusement, on ne pourra pas y répondre!

Parmi ces questions, celle qui risque de suivre le public pendant des semaines, c’est: «qu’est-ce qui est vrai et qu’est-ce qui est faux parmi toutes les histoires que vous racontez?»
Ça fait partie du processus de Mani. Cette espèce de proximité avec les gens, qui fait en sorte qu’on ne sait pas trop si c’est fictif ou pas, ce qu’on dit. Mais on s’entend que tout provient d’une part de notre vie, à nous, les trois actrices!

«Je suis une personne relativement drôle. On m’engage souvent pour des comédies. Mais j’ai aussi une carapace, des grandes failles et des grandes, grandes, grandes peurs.» – Geneviève Schmidt, sur les sujets graves qu’elle aborde dans la pièce, comme le fait de s’occuper d’un proche atteint de la maladie d’Alzheimer

Sur scène, tandis que Julie et Kathleen débattent du documentaire The True Cost, sur Netflix, vous mentionnez qu’il vous arrive d’écouter les gens parler et de vous sentir tellement à l’extérieur de la conversation…
Ça, c’est du grand Schmidt! (Rires) Ce n’est pas que ça ne m’intéresse pas, c’est que, souvent, je suis dans ma tête, j’ai mes préoccupations et j’ai de la misère à embarquer dans les conversations. Je ne me sens pas impliquée, je suis complètement ailleurs. J’ai osé le dire, car ça fait partie de moi. Ce n’était même pas pour faire une blague!

Mais, dans cette gang, et dans ce projet, vous vous êtes sentie impliquée? (sourire)
Oui, oui, oui! Vraiment! Je n’ai pas feint d’avoir du plaisir! On n’avait pas le choix, les actrices, d’être à 125% impliquées dans ce show. Sinon, ça aurait paru sur scène. Je l’ai à cœur, ce spectacle. Pour cette création, j’étais vraiment impliquée! (Rires)

Comme dans Ils étaient quatre, la trame sonore est capitale dans Cinq à sept. On entend Enter Sandman, de Metallica, I Will Always Love You, de Whitney Houston, le fameux Cœur de loup… Est-ce que ce sont des chansons qui rythment souvent vos soirées?
Non, pas souvent! Ce ne sont pas nos tounes fétiches! Je pense que c’est moi qui ai abordé le sujet de Cœur de loup et du débat autour des paroles qui ont fait scandale. Les autres ont fait kessé ça? De quoi tu parles?! (Rires) Cela dit, pour la trame sonore, on avait un quatrième joueur: Philippe Brault, qui a composé la musique du spectacle, et créé les atmosphères, le rythme. On a été bénies des dieux d’avoir des concepteurs si incroyables. La musique de Philippe Brault… ça torche!

Cinq à sept
À l’Espace Go
Jusqu’au 10 décembre

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