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Jacques Kuba Séguin: Litanies «kubaines»

Photo: Josie Desmarais/Métro

Il ne s’agira pas d’un concert religieux, même s’il plane quelque chose qui relève du mystère spirituel dans le prochain spectacle du compositeur et trompettiste Jacques Kuba Séguin.

«Je fais une musique qui s’appuie davantage sur les sens que sur les performances ou les prouesses techniques. J’essaie de m’éloigner de cela pour faire ressortir la personnalité des musiciens et la discussion musicale. Ce qui est bien plus significatif pour moi que de prouver que je suis un grand compositeur. En fait, si ce que je fais semble super facile, c’est parfait : j’ai réussi mon concert», souligne Jacques Kuba Séguin lorsqu’on lui demande de décrire son travail. Et nous devrions être nombreux une fois de plus à sortir enchantés du prochain spectacle qu’il présentera lors du Festival international de jazz de Montréal.

Une prestation qui sera ponctuée de quelques pièces de son premier album, mais surtout liée à son tout dernier disque, Litania Projekt avec le Quatuor Bozzini, paru en mars. Une œuvre à la fois cinématographique et mélancolique pour laquelle Kuba s’est inspiré du jazz européen et de la musique classique. Et si cet opuscule est tant marqué par le jazz européen, c’est que pour le créer, l’artiste tenait absolument à aller à Berlin, ville mélomane par excellence, où l’on compte pas moins de six orchestres symphoniques et qui recense une des très rares populations toujours avides de disques compacts.

En plus, l’Allemagne est située en bordure de la Pologne, pays de naissance de la mère de l’artiste. C’est donc après avoir loué un Airbnb avec sa conjointe qu’il s’est aperçu que sa logeuse était membre de… l’Orchestre symphonique de Berlin! Et comme si cela ne suffisait pas, elle connaissait le violoniste qui avait joué sur le premier album. Au fil de la discussion, le jazzman lui propose une collaboration, d’autant plus qu’il a prévu d’insérer un quatuor à cordes dans son prochain projet. Le lendemain, un quatuor à cordes de l’Orchestre symphonique de Berlin jouait en compagnie de Kuba dans un club de Berlin! Ce sont ces partitions qui sont reprises par le Quatuor Bozzini sur le disque. «J’ai écrit Étude des lueurs, une suite en quatre mouvements – une forme souvent apparentée à la symphonie en musique classique – en m’inspirant du free jazz d’Ornette Coleman», explique l’artiste qui compose souvent la nuit en se laissant enrober de la pénombre, de la lumière de l’aube et de celle des lampadaires sur la noirceur des villes.

«J’aime la musique religieuse. J’écoute quasiment davantage de musique classique que de jazz. J’aime écrire de la musique qui avance toute seule, sans batterie. Ça allège les choses. Lorsqu’une personne seule joue, on a l’impression de suivre un fil.» –Jacques Kuba Séguin, qui ajoute qu’il essaie de s’entourer de musiciens qui comprennent ces subtilités : «Mon batteur ne jouera pas tout le temps et j’adore ces nuances-là.»

En plus de cette étude, Kuba tenait à recréer la tradition de la musique de cabaret et à rendre hommage à ses prédécesseurs, comme le font actuellement plusieurs de ses collègues polonais. D’autant plus qu’il développe le créneau polonais autant qu’il le fait au Québec. On retrouve donc sur ce nouvel album la pièce Krajobraz dla Muniaka (Paysage pour Muniak), qui est dédiée au grand saxophoniste polonais Janusz Muniak. Lui qui, pendant la période communiste, était l’équivalent polonais d’un Vic Vogel, c’est-à-dire un personnage sympathique et plus grand que nature qu’on venait voir tous les jours sur la place du marché. Un artiste décédé le 31 janvier de cette année et que Kuba a eu la chance de côtoyer.

Ajoutez à cela des influences d’un récent voyage en Chine et huit musiciens sur scène dont, évidemment, Jacques Kuba Séguin (trompette), Frédéric Alarie (contrebasse), Kevin Warren (batterie), Jonathan Cayer (piano) et le Quatuor Bozzini, et vous aurez un spectacle qui fera assurément voyager ici ou… au-delà.

Jacques Kuba Séguin

À L’Astral vendredi à 18 h

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