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Carré rouge en 153 photos

Photo: Jacques Nadeau / Collaboration spéciale

Très tôt au début du conflit étudiant, Jacques Nadeau, photographe au quotidien Le Devoir, a eu le sentiment que les étudiants ne quitteraient pas la rue de sitôt. Six mois et près de 40 000 photos plus tard, le photographe publie le livre Carré rouge.

L’ouvrage rassemble quelque 153 photos retraçant la crise des derniers mois sur fond de foules, de casseroles, de carrés rouges, de matraques et de gaz lacrymogènes. «J’ai fait près de 500 km à pied, à la course avec les kodaks parce que je ne voulais rien manquer», explique le photographe. L’énergie qu’il y avait chez ces jeunes… Ils croyaient en quelque chose.»

Jacques Nadeau n’a pratiquement pas manqué une manifestation depuis février. Pendant trois mois, il n’a pas pris une seule journée de congé, carburant à l’adrénaline. Il ne compte plus les fois où il s’est fait poivrer. Et il n’est pas près d’oublier la fois où il s’est fait renverser par une policière à cheval. Il s’en est tiré avec une belle frayeur. Sa caméra n’a pas eu la même chance.

«Je suis tombé d’un coup, j’ai eu peur pendant une seconde… Je ne suis jamais tombé aussi vite, je me suis pris mon kodak dans le ventre et il s’est brisé», raconte-t-il. Ce n’est pas la perte d’une caméra – même à 10 000 $ – qui ralentira l’homme.

«Si tu veux faire ton job seulement quand c’est facile, change de job!, ajoute ce passionné de politique. Ce n’est pas un travail de fonctionnaire.»

Et c’est parce qu’il croit avoir été le témoin d’un événement historique qu’il a senti le besoin de rassembler ses photos dans un ouvrage. «Dans un livre, ça reste, alors que dans les journaux ou Facebook, ça disparaît aussitôt, explique M. Nadeau. J’avais aussi beaucoup de photos inédites, et il y avait beaucoup de jeunes qui avaient quelque chose à dire.»

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Il a ainsi laissé la parole aux autres en ajoutant à ces images les textes d’étudiants, de professeurs, de poètes et de personnalités connues telles que Fred Pellerin, Jean-René Dufort et Gabriel Nadeau-Dubois. Jacques Parizeau se prononce d’ailleurs pour la première fois sur le conflit en signant la préface du livre. Jean Charest n’a pas retourné l’invitation.

Carré rouge aux éditions Fides
Lancement le 23 août au Cabaret du Lion d’or

La bonne photo de manif selon Jacques Nadeau

  • «Je n’aime pas la belle photo, j’aime mieux une bonne photo. La bonne photo touche les gens, ils vont s’identifier. Le plus important est l’impact visuel, le contenu et après l’esthéticisme»
  • «Prendre moins de photo des pancartes. Laissons le texte pour les journalistes. Si tu mets une pancarte et qu’il faut lire pour comprendre, c’est que ta photo n’est pas bonne.»
  • «Ne pas avoir peur d’aller au front. Il faut être partout.»

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