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Une seconde famille pour les personnes avec une déficience intellectuelle

Photo: Nicolas Ledain / TC Media

Depuis 35 ans, l’organisme Un prolongement à la famille de Montréal (UPFM) propose diverses activités pour aider des personnes du quartier vivant avec une déficience intellectuelle et améliorer leur autonomie.

Une effervescence inhabituelle régnait lundi 22 janvier dans les deux classes du programme de participation sociale d’UPFM. Il faut dire qu’en ce début de semaine, la thématique abordée avec les bénéficiaires prêtait à rire avec un cours sur la sexualité. Pour ces adultes atteints de déficience intellectuelle légère et moyenne ou de troubles du spectre de l’autisme, le sujet provoque la même réaction que dans une salle d’école, où face à la gêne et la pudeur, le rire sert souvent de rempart. S’il peut paraître étrange de voir ces personnes, âgées de vingt à soixante-dix ans, aborder cet enseignement qui semble élémentaire, cela est pourtant primordial pour eux.

«Ce qui est simple pour vous et moi doit être décortiqué pour le rendre encore plus simple et accessible pour eux», explique Véronique Couture, la directrice d’UPFM, organisme installé dans le bâtiment du Pavillon d’Éducation communautaire (PEC) sur le boulevard Pie-IX.

«Le but ultime c’est l’intégration et l’autonomie. On veut les aider à décider pour eux-mêmes.»
Véronique Couture, directrice d’UPFM.

Dans le cadre de ce programme de participation sociale, le lundi est consacré aux relations sociales, le mardi à la gestion du milieu de vie, le mercredi aux interactions avec la communauté et le jeudi aux conditions de vie avec notamment la planification de l’épicerie et des repas. En plus de ces quatre jours de classe, des activités culturelles, sportives, artistiques et des fêtes sont proposées par l’organisme.

L’objectif ultime est d’accompagner ces personnes vers l’autonomie, mais chacun peut en bénéficier pour autant de temps qu’il le souhaite. Chaque pathologie étant différente, les intervenants doivent constamment s’adapter.

«La déficience intellectuelle est individuelle. Ils sont tous différents avec des besoins différents, mais l’expérience fait qu’on y arrive. On a des participants qui commencent presque toutes les semaines donc c’est un ajustement quotidien», ajoute Mme Couture.

UPFM propose également une halte-répit du lundi au jeudi pour des personnes avec une déficience plus lourde afin de soulager les familles.

Ambiance familiale
Depuis bientôt 18 ans, Régis, l’un des bénéficiaires, fréquente quotidiennement l’organisme pour plusieurs activités. Il suit la formation académique trois jours par semaine et participe aux ligues de quilles et de hockey-balle.

«Je fais plein de choses ici. J’ai appris la poterie, la peinture, j’ai ouvert des blogs et je gère plusieurs sites internet. Je suis heureux quand je suis ici», indique-t-il.

À 38 ans, cet habitué est très reconnaissant envers UPFM qu’il surnomme affectueusement sa «seconde famille».

«Sans eux, je ne sais pas ce que je ferai. Ils m’ont ouvert la voie, sinon je traînerai dans les rues, alors que ce n’est pas dans mes habitudes, parce que mes parents ne m’ont pas élevé comme ça», avoue Régis.

En entendant ces mots de reconnaissance, Véronique Couture ne cache pas son émotion. Très attachée à ses bénéficiaires qu’elle surnomme ses «belles faces», la directrice de l’organisme se dit fière de les accompagner au quotidien.

«On travaille fort parce qu’on n’a peu de moyens, mais c’est un choix. Ma récompense, ce sont les sourires et c’est de les voir heureux. Ils sont vrais, ils ne se déguisent pas ces gens-là», confie tendrement Mme Couture.

Un organisme fondé par les familles

Un prolongement à la famille de Montréal (UPFM) a été fondé en 1982 par des familles qui cherchaient un relais après le système scolaire pour leurs proches vivant avec une déficience intellectuelle.

«Pour les parents de ces enfants, dès qu’ils viennent au monde, ils pensent au jour où ils ne seront plus là pour les aider. C’est un stress quotidien, donc on essaye de les accompagner», explique Véronique Couture, directrice d’UPFM.

Initialement créé au CLSC de Pointe-aux-Trembles, l’organisme a déménagé dans Hochelaga-Maisonneuve en 1992. L’un des défis est notamment d’éviter à ses personnes de se retrouver en situation d’itinérance.

Les programmes d’UPFM se font en partenariat avec la Comission scolaire de la Pointe-de-l’Île et le centre Paul-Gratton et sont financés par des aides gouvernementales et des donateurs privés.

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