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Non au projet de loi 10 dans Hochelaga-Maisonneuve

Photo: Audrey Gauthier / TC Media

Près d’une centaine d’employés et de syndiqués du centre de santé et de services sociaux (CSSS) Lucille-Teasdale ont manifesté devant le centre local de services communautaires Hochelaga-Maisonneuve pour s’opposer au projet de loi 10.

«Nous vivons un sous-financement chronique. Avec le projet de loi 10, c’est 75 postes d’adjointes administratives au CSSS Lucille-Teasdale qui devront être réorganisés. De plus, je ne crois pas que le projet du ministre de la Santé et des Services sociaux, Gaétan Barrette, fera disparaître les listes d’attentes. Il va plutôt déstabiliser les services offerts pendant plusieurs années», affirme le président du syndicat du CSSS Lucille-Teasdale, André Carignan.

«On n’a pas d’explication sur ce qui s’en vient. On est dans l’inconnu. On ne comprend pas comment ça pourrait aider le réseau de santé», ajoute Samantha Casimir, technicienne en assistance sociale au CLSC Hochelaga-Maisonneuve.

Services de proximité en péril
Selon le projet de loi, le nouveau centre intégré de santé et de services sociaux de l’est-de-l’île-de-Montréal regrouperait tous les services en santé offerts de Mercier – Hochelaga-Maisonneuve à Pointe-aux-Trembles, en passant par Saint-Michel, Rosemont – La Petite-Patrie et Rivière-des-Prairies. Une fusion qui aura de lourdes conséquences, estiment les syndiqués.

De gauche à droite: André Carignan, le président du syndicat du CSSS Lucille-Teasdale, Luc Bastien, vice-président régional de la Fédération en santé et services sociaux à la confédération des syndicats nationaux et Dominique Daigneault, présidente du conseil central du Montréal métropolitain de la CSN.
De gauche à droite: André Carignan, le président du syndicat du CSSS Lucille-Teasdale, Luc Bastien, vice-président régional de la Fédération en santé et services sociaux à la confédération des syndicats nationaux et Dominique Daigneault, présidente du conseil central du Montréal métropolitain de la CSN.

«Nous perdons les services de proximité. En rassemblant les services à un même endroit, je crains que la population de Hochelaga-Maisonneuve ou de Rosemont n’aille pas chercher de l’aide s’ils doivent se rendre à Pointe-aux-Trembles pour l’obtenir. C’est un impact énorme», dénonce le vice-président régional de la Fédération en santé et services sociaux (FSSS) à la confédération des syndicats nationaux (CSN), Luc Bastien.

«Nos services de proximité étaient adaptés à nos quartiers. Rivière-des-Prairies n’a pas les mêmes besoins que Hochelaga-Maisonneuve. Si nous devons maintenant penser mur à mur, nous allons passer à côté. Nous demandons désormais aux gens de rentrer dans une boîte bien précise au lieu d’adapter nos services à nos patients», poursuit M. Carignan.

Selon le vice-président, l’équipe de suivi intensif dans le milieu, fondé au CSSS Lucille-Teasdale, en 2013, serait l’un des services en péril. La brigade dessert des personnes souffrant de problèmes de santé mentale graves, sujettes à des hospitalisations multiples.

«Un des impacts sera sur l’ensemble des services en santé mentale. Il ne sera pas possible de répondre adéquatement aux besoins sur tout le territoire», laisse savoir M. Bastien.

D’autres solutions pourraient être envisagées pour améliorer le système de santé et diminuer les frais reliés à ces services, souligne Dominique Daigneault, présidente du conseil central du Montréal métropolitain (CCMM) de la CSN.

«Le réseau de la santé est considéré comme une dépense pour le gouvernement, mais on pourrait mettre en place différentes mesures pour augmenter les revenus et ainsi éviter les coupes, comme éviter les projets en partenariat public privé, revoir le système des médicaments, imposer davantage les gens riches et modifier la fiscalité des entreprises», mentionne Mme Daigneault.

Le bâillon
Le gouvernement libéral a imposé le bâillon, le 6 février, sur le projet de loi 10, limitant ainsi le temps de débat afin de procéder plus rapidement à son adoption. Une situation dénoncée vivement par les employés du milieu de la santé.

«Nous ne pouvons participer au débat. Nous devons subir les décisions, même si ça veut dire de faire le travail de 10 personnes avec seulement cinq employés. Nous ne sommes que des roches pour eux», soutient l’auxiliaire Maire-Claudette Lalanne au CLSC Hochelaga-Maisonneuve.

«C’est une preuve de mépris envers la démocratie. On détruit les espaces démocratiques», s’indigne Mme Daigneault.

Même si les élus sont restreints à l’Assemblée-Nationale, plusieurs initiatives seront prises au courant de l’année afin de faire entendre les voix des employés du CSSS Lucille-Teasdale. «Avec la loi bâillon, nous allons devoir intensifier nos actions de dénonciation», annonce M. Bastien.

Le projet de loi 10 en quelques points

  • Les agences régionales de santé et de services sociaux seraient abolies.
  • Le nombre d’établissements du réseau québécois passerait de 182 à 33. À Montréal, ça passerait de 43 à cinq.
  • Le centre de santé et de services sociaux (CSSS) Lucille-Teasdale sera fusionné avec le CSSS de Saint-Léonard et Saint-Michel ainsi que le CSSS de la Pointe-de-l’Île. L’institut Philippe-Pinel de Montréal, l’institut universitaire en santé mentale de Montréal, l’hôpital Santa Cabrini, l’hôpital Maisonneuve-Rosemont, l’institut canadien-polonais du Bien-Être Inc. et le centre jeunesse de Montréal seront aussi intégrés dans cette nouvelle configuration.

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