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La place de l’Espoir qualifiée d’«insulte» pour la famille Villanueva

Photo: Archives

Loin d’apaiser les tensions comme le souhaitait la mairesse de Montréal-Nord, l’absence du nom de Fredy Villanueva sur la future place de l’Espoir est qualifiée d’«affront» par ceux qui demandaient une murale en hommage au jeune homme.

«Nous sommes frustrés, je n’en reviens pas qu’ils fassent cette proposition», confie Will Prosper, le cofondateur de Montréal-Nord Républik, un mouvement né des émeutes d’août 2008 qui avaient fait suite à la mort de Fredy. Avec d’autres soutiens de la famille Villanueva, ce dernier plaidait pour qu’une murale ou une stèle commémorative voie le jour à Montréal-Nord. Cette place en guise d’hommage promise par la mairesse Christine Black est accueillie froidement.

«Ça fait dix ans qu’on fait la même demande et là on a un exemple flagrant de fermeture complète. Ce qui est supposé être une place de l’Espoir est une place de désespoir», oppose M. Prosper.

Comme lui, le Comité de soutien à la famille Villanueva s’insurge de cette proposition de l’arrondissement qui ne fera pas mention du nom de Fredy Villanueva ou des émeutes.

«C’est une insulte. La famille vit cela très difficilement, car on nous demande d’être complices d’une démarche qui viendra étouffer la mémoire de Fredy. Sa mère ne demandait pas autre chose qu’une trace de mémoire. Si nous sommes privés même de cela, alors notre société est malade», se désole Ricardo Lamour, membre de ce comité.

Faute de mention des événements tragiques survenus le 9 août 2008, l’administration nord-montréalaise a promis qu’une capsule temporelle sera intégrée à la future place. Elle rassemblera des messages de tous ceux qui ont été marqués par ces événements. Il est prévu qu’elle soit ouverte en 2065, soit dans 47 ans, pour les 150 ans de l’arrondissement.

«On veut balayer sous le tapis cette problématique des violences policières. C’est une pilule pour faire dormir pendant les 47 prochaines années. Il n’y a rien de positif à ressortir de cette idée», estime Alexandre Popovic, porte-parole de la Coalition contre la répression et les abus policiers (CRAP).

Cette place a en revanche reçu l’appui de la mairesse de Montréal et de plusieurs représentants du milieu communautaire de Montréal-Nord.

Volonté politique
Lors de l’annonce de cette place qui verra le jour dans le parc Henri-Bourassa, Christine Black a évoqué des tensions dans la communauté qui justifiaient la décision de ne pas aller de l’avant avec un projet explicite portant le nom ou l’image de Fredy Villanueva. Pour Amir Khadir, députée de Québec solidaire – qui s’était publiquement exprimé en faveur de la murale – cette décision est regrettable.

«Commémorer la mort de Fredy Villanueva ce n’est pas diviser la population, bien au contraire. C’est nécessaire pour guérir les plaies laissées par l’impunité du meurtre de Fredy Villanueva. C’est aussi de se rappeler qu’encore aujourd’hui, le profilage racial existe et que les gens de Montréal-Nord en sont encore victimes. Collectivement, c’est important de ne jamais perdre ça de vue pour d’avancer comme société», estime l’élu de Mercier.

«C’est triste que Montréal-Nord ne soit pas capable d’avoir un consensus sur le fait que Fredy Villanueva méritait de vivre.»
Ricardo Lamour, membre du Comité de soutien à la famille Villanueva.

Tous les porteurs du projet de murale estiment que l’arrondissement aurait dû donner un signal politique fort pour commémorer les dix ans de ces événements.

«Christine Black fait preuve de lâcheté. Lorsqu’elle était dans le milieu communautaire, elle soutenait la murale, maintenant qu’elle est élue, elle préfère donner raison aux haters qui votent pour elle. Elle n’a pas le courage de ses convictions», lance Alexandre Popovic.

Interrogée à ce sujet durant la conférence de presse, la mairesse de Montréal-Nord a expliqué qu’en tant que mairesse, elle se devait d’écouter les citoyens et que sa position a inévitablement évolué en fonction des échanges qu’elle a eus avec la population et le milieu communautaire.

Will Prosper réclame davantage de courage politique. «Fredy c’est pas un simple nom, c’est une histoire qui a marqué le Québec. Il faut qu’on finisse par le reconnaître. En le cachant dans une capsule, on cache les problématiques du quartier», conclut le représentant de Montréal-Nord Républik.

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