Visite controversée à Outremont
La venue d’un rabbin de la communauté hassidique Belz a attiré des milliers de personnes dans les rues d’Outremont, mais aussi les foudres des voisins exaspérés par le bruit, l’éclairage et le va-et-vient causés par les festivités de la semaine dernière.
Pour une première fois en 20 ans, le chef spirituel Yissachar Dov Rokeach, qui demeure en Israël, a visité Montréal où il a pris part à plusieurs activités, principalement à l’intérieur d’une immense tente sur l’avenue du Parc. Il a aussi célébré la fête juive de Lag Ba’omer qui commémore la mémoire d’un grand sage et mystique rabbin, auteur du Zohar.
Le 1er mai, de nombreux fidèles ont accueilli l’homme religieux de 70 ans aux abords de sa résidence temporaire sur l’avenue Querbes où il a séjourné jusqu’à mercredi. À l’occasion de cette cérémonie festive, un tapis rouge avait été déroulé, entraînant la fermeture partielle de la rue à la circulation.
«C’est une personne très importante pour nous qui a dirigé la renaissance de notre communauté. C’est lui qui nous a encouragé à construire les institutions communautaires, les synagogues et les écoles», explique Hudy Herzog, une porte-parole de la communauté Belz, qui compte environ 450 familles dans la métropole.
Les célébrations ont pris fin dans la nuit de samedi à dimanche par une procession. Les participants ont marché du parc Beaubien à la résidence du rabbin. Des policiers et des agents de la sécurité publique d’Outremont étaient présents pour encadrer les festivités.
Plaintes
L’arrondissement confirme avoir reçu une dizaine de plaintes des résidents des maisons avoisinantes qui affirment avoir subi plusieurs inconvénients.
«Il y a eu un va-et-vient constat, des voitures de sécurité, du claquage de portes, des attroupements tous les jours de 50 à 60 personnes jusqu’à minuit, des ruelles bloquées. Très difficile d’accéder à notre stationnement personnel, des voitures stationnées devant la borne-fontaine et en double», a énuméré au dernier conseil d’arrondissement de lundi Michel Lavigne, qui s’est senti agressé.
Un second citoyen, Jean-Denis Gingras, a affirmé que son balcon avait été endommagé alors que des participants ont envahi son jardin lors de la procession. Il a dénoncé le manque d’action de l’arrondissement pour protéger les terrains privés.
«Je m’attendais, par exemple, à voir des barrières de sécurité devant les résidences ou des gens de la sécurité publique d’Outremont pour gérer la foule. Tout ce que j’ai vu, ce sont des policiers qui étaient là pour protéger la voiture du rabbin», a-t-il fait valoir.
Mme Herzog reconnaît que la marche de samedi soir a causé des dérangements pour les résidents de la rue Querbes, mais que la situation était hors de leur contrôle en raison du nombre inattendu de participants, venus d’aussi loin que New York.
«Il y avait un total de 5000 ou 6000 personnes qu’on n’a pas prévu. On ne pouvait rien faire. On a envoyé des lettres d’excuses et on a parlé aux voisins», dit-elle. Mme Herzog ajoute que le propriétaire de la maison où a logé le rabbin portera la responsabilité de réparer les dommages causé sur les terrains résidentiels.
Le commandant du poste de quartier 24, Danny Diotte, assure que le service de police a opté pour différentes stratégies pour s’assurer de la sécurité et minimiser les nuisances, durant toute la semaine.
«Lors de la grande procession, on a suggéré aux responsables et la municipalité de ne pas avoir d’autos sur Saint-Viateur de façon à ce que ça dure le moins longtemps possible lorsque les gens emprunteront sur cette avenue. C’est ce qui est arrivé, après 20 à 30 minutes, les gens avaient quitté», donne-t-il en exemple.
Aucun permis
Outremont et les organisateurs Belz ont été informés le 16 avril de la visite du rabbin. Le voisinage a ensuite été avisé par lettre. L’arrondissement n’a octroyé aucun permis d’occupation de la voie publique puisqu’aucune demande n’a été déposée.
Satisfait dans l’ensemble de la gestion de l’événement, le maire d’Outremont Philippe Tomlinson a reconnu que des éléments devaient être améliorés si de telles célébrations devaient se reproduire.
«Il faut absolument que l’arrondissement obtienne les informations plus longtemps à l’avance. Selon notre procédure habituelle, on reçoit l’information 60 jours à l’avance et on y tient. On veut absolument diminuer les nuisances sonores et visuelles ainsi qu’un respect des domaines privés», a-t-il déclaré.
M. Tomlinson mentionne que des contraventions seront envoyées pour la mise en place de guirlandes lumineuses sur Querbes alors que leur installation avait été refusée, tout comme pour la fermeture de ruelles et l’équipement sonore le samedi soir.