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Freiner et pénaliser la négligence commerciale

Photo: Stéphanie Maunay/TC Media

L’arrondissement de Rosemont–La Petite-Patrie travaille actuellement à la mise en place de nouvelles mesures pour lutter contre le déclin de ses artères commerciales. Parmi les propositions jetées sur la table, la création d’un permis pour les locaux inoccupés. Cependant, la mesure ne fait pas encore consensus.

Le maire Rosemont–La Petite-Patrie reste évasif quant à l’implantation de ce fameux permis, contrairement à son voisin du Plateau-Mont-Royal, qui a déjà dévoilé les grandes lignes de sa mesure.

François Croteau estime qu’imposer un permis d’inoccupation ne réglera pas entièrement le problème des locaux vacants.

«Il n’y a pas de formule magique ou de recette miracle. C’est une piste de solution, mais ce n’est pas la seule», précise-t-il.

M. Croteau pense que la réflexion doit s’opérer tant du côté des arrondissements, que de la Ville-centre et du gouvernement québécois. L’élu de Projet Montréal milite activement pour le retour du PRAM-Commerce. Ce programme, interrompu depuis 2012, finançait des projets de rénovations et a été très utilisé pour revitaliser la Promenade Masson, ajoute-t-il.

«Nous avons demandé à l’administration du maire Coderre de le remettre en branle de façon urgente. C’est nécessaire et même vital», clame M. Croteau.

Le maire rosemontois estime également que le gouvernement doit prendre des mesures pour lutter contre l’évasion fiscale.

«Sur Saint-Laurent par exemple, il y a des bâtiments rénovés qui sont impeccables, mais toujours vacants depuis deux ans. Le problème est que, même avec un certificat d’inoccupation, certains propriétaires seront toujours gagnants en raison de leurs avantages fiscaux.»

Quelle réalité sur le terrain?
Présentement, la Société de développement commercial (SDC) Promenade Masson a un taux d’inoccupation de 3%, soit environ quatre locaux vacants sur 150 commerces.

«Nous avons toujours un ou deux locaux vacants, mais nous avons pris un beau tournant depuis cinq ans», indique Michel Séguin, président du conseil d’administration de la SDC.

Dans La Petite-Italie, le boulevard Saint-Laurent souffre davantage. Un fait que confirme Roberto Tassinario, directeur général de la SDC Petite-Italie-Marché Jean-Talon, qui couvre le boulevard Saint-Laurent, entre les rues Dante et Jean-Talon.

Mais, pour lui, la situation n’est pas alarmante. «Nous avons en ce moment une dizaine de commerces vacants sur les 230 que compte la SDC. De ce nombre, la moitié sera occupée d’ici le mois de juin. Nous avons également des bannières qui s’installent et ça, c’est signe que notre achalandage est positif», lance M. Tassarino.Commerce Saint-Laurent

Il donne comme exemple l’épicerie Rachelle-Béry, qui ouvrira une succursale de 12 000 pieds carrés, le 26 février, au coin de Saint-Laurent et Shamrock.

Le directeur général de la SDC Petite-Italie-Marché Jean-Talon précise également que le printemps est une meilleure saison pour l’ouverture de nouveaux commerces.

«Janvier et février sont des périodes creuses. Pourtant, nous avons quand même quelques commerces qui ont ouvert en ce début d’année», tient-il à ajouter.

Pour sa part, la SDC Plaza Saint-Hubert note que «la situation n’est pas très rose pour les commerçants, depuis la fin novembre».

Cependant, Mike Parente, son directeur, n’a pas voulu révéler de données. «Le taux de vacance varie, et ce, pour de multiples raisons. Donner des chiffres serait plus à notre détriment», lâche-t-il, indiquant tout de même que plusieurs locaux sont actuellement vacants.

Un sujet sensible
L’instauration de permis d’inoccupation ne suscite pas un grand engouement dans les SDC.

«Pour le moment, je n’ai pas vraiment d’opinion, indique M. Séguin. Nous ne sommes pas confrontés à cette problématique, mais je sais que cela est plus compliqué ailleurs.»

Pas de prise de position, non plus, à la SDC Petite-Italie-Marché Jean-Talon. «Ce sont des discussions que nous avons à l’interne actuellement. Il y a des côtés positifs, mais aussi négatifs. Comme SDC, nous essayons de garder le plus possible un contact avec le propriétaire. Il est certain que tout le monde aurait un avantage à ce que les quartiers montréalais soient le plus dynamique possible, mais quelle est la meilleure solution», se demande-t-il.

Mike Parente, également président de l’Association des SDC de Montréal, reste muet sur ce point. «Je ne ferai aucun commentaire avant la livraison du produit final. Nous sommes en discussion avec l’arrondissement et nos membres», fait-il savoir.

Il note tout de même que certains propriétaires peuvent être trop gourmands, en demandant des loyers élevés. «Il est plus facile de travailler avec certains propriétaires que d’autres. C’est sûr que quand on demande deux fois le prix du marché, on voit ce qui arrive. Mais, il faut être prudent sur les mesures à mettre en place, pour ne pas aller à l’encontre du développement économique», conclut-il.

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