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Un collectif dénonce le bruit des avions de Montréal-Trudeau

Photo: Archives

Le collectif «Les pollués de Montréal-Trudeau» dénonce le bruit excessif causé par les avions qui survolent la métropole. Il a dévoilé des données recueillies depuis 10 mois par l’entremise de neuf stations de mesure de bruit qui indiquent que plus de 2500 survols de nuit de quartiers résidentiels ont été enregistrés en juillet.

Les stations, réparties un peu partout à Ahuntsic, Saint-Laurent, Villeray et Mont-Royal, enregistrent en permanence le bruit des avions.

Selon les chiffres présentés par le collectif, on a compté en juillet, par exemple, 794 vols de nuit au-dessus de l’arrondissement de Saint-Laurent et 653 au-dessus du quartier de Saint-Sulpice, dans l’arrondissement d’Ahuntsic-Cartierville. Selon les mesures, le bruit engendré dépasse fréquemment les 55 décibels audibles prescrits par l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Sur une longue période, cela pourrait engendrer des problèmes cardiovasculaires, des troubles du sommeil et affecter la productivité au travail.

«Il suffit d’un avion pour que votre nuit soit ruinée», observe Pierre Lachapelle, membre du collectif.

Une grande quantité de données
Les enregistrements sont effectués en permanence et sont transmis à des fins d’analyse à des serveurs de World Wide Aircraft Noise Services (WW-ANS), un organisme sans but lucratif basé en Europe.

«Les stations collectent tous les bruits ambiants, les serveurs isolent uniquement le son généré par les avions», précise Raymond Prince, directeur des «Pollués».
Le chiffre produit est le Leq (equivalent level), qui indique le niveau de bruit.

On peut accéder directement aux données compilées par les «Pollués» sur le site Web de WW-ANS. Des graphiques avec des pointes de 70 à 80 décibels, notamment en période nocturne, y sont présentés.

Même si ces données ne sont pas fiables à 100%, notamment celles collectées par temps froid, comme le reconnaissent les responsables de l’étude, elles seraient toutefois pertinentes de par la durée des analyses et le nombre de stations.

ADM conteste
«Les micros installés par Les pollués ne seraient pas calibrés par des professionnels, n’auraient pas un niveau de précision requis par les standards nationaux», soutient Christiane Beaulieu, la porte-parole d’ADM, qui rejette du coup les résultats.

Elle avance également que la hauteur à laquelle sont installés les capteurs peut influer les données sur le niveau de bruit. De plus, il ne peut y avoir de corrélation directe entre les bruits enregistrés et les mouvements d’avion s’ils ne sont pas liés avec un système de données radar selon ADM.

Le directeur principal du collectif, Raymond Prince, a tenu à préciser lors d’un entretien téléphonique, que même si la technologie de l’organisme citoyen n’est pas aussi professionnelle que celle d’ADM, elle indiquerait quand même qu’il existe un problème.

«ADM a installé ses stations de mesure en 2002. Depuis ce temps-là, la technologie s’est améliorée et miniaturisée. Nos stations ne sont pas aussi sophistiquées qu’ADM. On ne le nie pas. Nos données ne sont peut-être pas précises à 100%, mais elles donnent une référence et indiquent qu’il y a un problème au niveau du bruit excessif. Ça ne se peut pas que toutes nos stations se trompent», a-t-il avancé.

Les pollués persistent à exiger un couvre-feu de 23h à 7h. Ils demandent également que soit rehausser l’altitude des avions en approche ou au décollage là où c’est possible. Le collectif interpelle ADM pour que les couloirs aériens soient révisés, pour que deux sièges soient réservés aux citoyens au conseil d’administration, et qu’un organisme indépendant qui recueillerait les plaintes des citoyens tout en émettant des amendes soit créé.

Convaincre les autorités
Projet Montréal, l’opposition officielle à la Ville de Montréal, a fustigé le manque de transparence d’ADM dès que les données des Pollués ont été publiées.
«Le problème, c’est qu’ADM mesure le bruit en faisant une moyenne sur une heure ou sur 24 heures. Or, ce qui dérange la santé et le sommeil de ceux et celles qui habitent à proximité des corridors aériens, c’est le bruit perceptible quand l’avion passe», a indiqué Émilie Thuillier, conseillère d’Ahuntsic.

«Il faut écouter la voix des citoyens dans la gestion de l’aéroport, souligne Maria Mourani, députée fédérale d’Ahuntsic. Il faudra imaginer la meilleure manière de le faire.» Pour elle, un gouvernement du Nouveau Parti démocratique (NPD), enquêtera sur le fonctionnement d’ADM.

Pour le candidat du Bloc québécois à Ahuntsic-Cartierville, Nicolas Bourdon, la question de la représentation des citoyens au niveau d’ADM est réalisable rapidement. «Je pense qu’octroyer deux sièges sur le conseil d’administration d’ADM à des représentants de citoyens est possible.»

En attendant, «les Pollués» continuent de prendre leurs mesures.

En collaboration avec François Lemieux

 

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