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Fin de «Bonne Boîte Bonne Bouffe»

Photo: Getty Images/iStockphoto

Le regroupement d’achats collectifs de fruits et légumes frais, Bonne Boîte Bonne Bouffe (BBBB), qui a desservi plus de 60 000 personnes depuis 2007, cesse définitivement ces activités, faute de financement.

«Compte tenu des circonstances actuelles et des contraintes économiques, BBBB ne peut poursuivre sa mission de base, celui de rendre accessible des fruits et légumes frais à juste prix aux familles les plus vulnérables sans augmenter de façon substantielle les prix des boîtes pour assurer sa survie», a fait savoir la directrice générale, Catherine Boyer.

L’organisme, qui est basé sur le chemin de Côte-de-Liesse, à Saint-Laurent, n’est pas parvenu à trouver du financement pour assurer la pérennité de ses services après s’être vu retirer l’aide fournie par Centraide.

Déjà, les services étaient arrêtés depuis le 27 juin en raison de la très grande précarité de l’organisme. «L’arrêt temporaire cet été était nécessaire pour stopper l’hémorragie afin de ne pas accroître inutilement la dette», précise Mme Boyer.

Plusieurs scénarios ont été envisagés, comme devenir une entreprise sociale, mais le prix des boîtes aurait augmenté, de 40 à 90 % en fonction de leur format. «Ça aurait été à l’encontre de notre mission de base», soutient la directrice générale.

Une entreprise?
C’est un ensemble de facteurs qui a amené Centraide à retirer son financement de 250 000 $ par an à Bonne Boîte Bonne Bouffe.

«L’objectif initial d’éducation aux saines habitudes de vie n’a pas été atteint, c’est-à-dire qu’il a davantage développé ce projet dans une optique d’économie sociale, principalement d’achat et de revente», explique le conseiller en planification et en développement de Centraide, Denis Nantel.

Le projet avait été initié par Moisson Montréal, en 2007, qui s’est retiré au printemps 2015, faisant de BBBB une entité en soi. Ce nouvel organisme n’a pas obtenu de statut de bienfaisance, ce qui lui ferme la porte aux subventions.

«La participation de Centraide dépassait les 80 %, ce qui ne rentre pas non plus dans les critères, parce qu’on parle alors d’une dépendance importante à un seul bailleur de fonds», souligne M. Nantel.

Il ajoute que, si le modèle de BBBB était innovant lors de sa création, d’autres initiatives ont vu le jour depuis, comme des cuisines collectives ou des marchés, et répondent mieux aux besoins des plus vulnérables. Tous ces projets en sécurité alimentaire dans le Grand Montréal bénéficient de plus de 4 M$ d’aide de Centraide.

Clientèle déçue
«Je suis bouleversée, je n’en reviens juste pas, ça pouvait rejoindre tellement de familles», rapporte Mélanie Piché, cliente de BBBB depuis cinq ans et propriétaire de la friperie pour enfants La Boîte aux Trésors, à Saint-Laurent.

Elle a déménagé à Ahunstic où le service était déjà offert, mais complet. Mme Piché s’est donc tournée vers l’arrondissement où elle travaille. Comme Saint-Laurent ne comptait pas de point de chute, elle a créé le premier dans sa friperie, au printemps dernier.

«Il y avait une vingtaine de clients, raconte-t-elle. C’était des familles avec trois ou quatre enfants. Il y avait aussi des étudiants qui, à 18-19 ans, pouvaient avoir un bon panier de légumes et de bien manger.»

Mère monoparentale de trois adolescents, Mme Piché ne connaît pas d’alternative à BBBB. Elle a testé les paniers bio, mais c’était trop cher. «Ça ne va pas chercher la même sorte de clientèle», ajoute-t-elle.

Près de 130 points de chute, situés dans le Grand Montréal, permettaient de fournir une clientèle à faible revenu en produits de qualité. Les formats proposés allaient de 8 $, pour une personne, à 18 $, pour une famille. Cinq emplois seront perdus avec la fermeture de BBBB, dont trois de livreurs.

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