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Pour l’amour de la BD

Photo: TC Media - Johanna Pellus

En 1983, deux frères mordus de la bande dessinée étaient résolus à faire de leur passe-temps leur emploi. Âgés de 19 et 22 ans à l’époque, Pierre et Sylvain Lamy ont fait équipe avec deux de leurs copains pour fonder Cosmix, une boutique devenue depuis la plaque tournante de la BD dans l’arrondissement de Saint-Laurent. Mais leur parcours a été semé de nombreuses embûches.

Quelque sept ans après son ouverture, un incendie a détruit la librairie. Les deux frères décident alors de se dissocier de leurs partenaires d’affaires pour repartir dans des nouveaux locaux, sur le boulevard Décarie, à deux pas du métro Côte-Vertu.

Vers le milieu des années 1990, le neuvième art était au bord du gouffre. Des bulles spéculatives sur l’éventuelle valeur des bandes dessinées poussaient bon nombre de clients à acheter des dizaines de copies d’un numéro «en se disant qu’elles financeraient les études de leurs enfants», raconte le chroniqueur BD, Jean-Dominic Leduc.

«Mais ce n’est pas du tout arrivé et plusieurs librairies qui se basaient sur la spéculation ont dû fermer leurs portes parce qu’elles avaient tellement d’inventaires invendus», relate-t-il.

Résister           

Malgré tout, Cosmix est parvenue à survivre. «Ce qui nous a aidés et ce qui nous aide toujours, c’est qu’on mise sur le lectorat pour gérer nos commandes», affirme Pierre Lamy, qui juge que l’expérience client permet la pérennité et le succès de leur boutique.

«Il y a des clients qui sont de vrais métronomes, qui viennent nous voir chaque semaine à la même heure, raconte-t-il. Avec le temps, on jase, on apprend à connaître leur style, leur goût, et ça nous permet vraiment d’offrir une expérience personnalisée.»

Tandis que le lectorat délaisse le papier au profit du numérique, l’univers des «comics» perdure grâce à son caractère plus personnalisé. «C’est un commerce de proximité, c’est un service et c’est une expérience. Il y a encore de la place pour ça, mais il faut se réinventer pour renouveler la clientèle», met en garde Jean-Dominic Leduc.

Diversification

Pour Pierre Lamy, cela passe par la diversification de l’offre. Bien qu’Hollywood ait su mousser les ventes de BD de superhéros grâce aux nombreuses grosses productions basées sur les univers Marvel et DC, les nouvelles générations se tournent de moins en moins vers le «comic book» traditionnel.

«On essaie de toucher à tous les genres et tous les styles, que ce soit avec les romans graphiques, les bandes dessinées plus alternatives, les mangas ou les produits dérivés, indique Pierre Lamy. Depuis le début, il y a eu des hauts et des bas, mais on est là pour rester.»

Une trentaine de librairies de bandes dessinées indépendantes opèrent à Montréal, mais Cosmix est la seule qui peut appeler Saint-Laurent son chez-soi.

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