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UberX: les chauffeurs de taxis de Saint-Laurent sont exaspérés

Les propriétaires de taxis à Saint-Laurent sont inquiets. Le déploiement de l’application de covoiturage commercial UberX risque de sonner le glas de leur industrie.

«On dirait que l’industrie du taxi n’arrête pas de subir revers par-dessus revers ces dernières années, particulièrement à Montréal. D’abord, le gouvernement a instauré la ligne d’autobus qui relie le centre-ville à l’aéroport. Ensuite, il y a eu Bixi et les voitures en libre-service. Et maintenant, UberX», s’exaspère le chauffeur de taxi Gary Silver.

Il semble que l’industrie du taxi ait raison de s’inquiéter. Depuis la mise en service de l’application à San Francisco en 2010, les chauffeurs de taxi de la Silicon Valley ont affirmé avoir perdu plus de la moitié de leur clientèle.

Grâce à la géolocalisation, l’application permet au client de héler virtuellement une voiture par l’entremise de son téléphone intelligent. Les conducteurs, eux, utilisent leur propre voiture et offrent les services à un coût 30 % moins élevé que les compagnies de taxi.

«D’après moi, ça devrait être illégal, affirme un conducteur qui a préféré taire son nom. Les chauffeurs de taxi doivent suivre une formation. Nous payons environ 200 000 $ pour acheter notre permis de taxi et exercer de façon légale. Alors que n’importe qui puisse prendre sa voiture, et offrir le même service sans payer de frais gouvernementaux, c’est de la concurrence illégale.»

Plusieurs voient dans UberX une occasion pour l’industrie du taxi de se redynamiser et de mettre à jour ses services. Selon certains conducteurs de Saint-Laurent, c’est pourtant tout le contraire qui se produit.

«Il est de plus en plus difficile pour nous de survivre, raconte Fouad. Je dois déjà faire beaucoup d’heures supplémentaires pour vivre décemment. Avec ce que va nous imposer UberX, on sera encore plus fatigué sur la route, et on ne pourra plus donner un aussi bon service.»

«Ce n’est pas vrai qu’on ne s’adapte pas, poursuit Ahmad. Notre compagnie offre exactement le même service que UberX en ligne, mais avec des vrais taxis. Si la population a besoin de la technologie, nous lui offrons déjà.»

Craintes pour la sécurité
Tous les taxis interrogés dans l’arrondissement ont soulevé le fait que la sécurité des utilisateurs de l’application UberX n’est absolument pas garantie.

«Quand vous utilisez UberX, vous pouvez tomber sur n’importe qui. C’est inquiétant, souligne Gary Silver. Nous, les chauffeurs de taxi, nous sommes des professionnels. Nos antécédents criminels sont vérifiés. Nous avons tous un numéro d’identification au gouvernement qui permet de nous retracer facilement en cas d’incident.»

Selon Jean-François, conducteur de UberX, ces inquiétudes ne sont absolument pas fondées.

«À mon inscription comme conducteur, mes antécédents criminels ont été vérifiés. La compagnie a toutes mes informations personnelles et mes coordonnées. Sans compter que les clients peuvent m’attribuer une note de satisfaction, et avertir virtuellement mes clients potentiels de mes comportements.»

Face aux inquiétudes, le maire Denis Coderre ne compte pas pour l’instant intenter de coûteuses procédures judiciaires contre l’entreprise, comme l’ont déjà fait Vancouver et Toronto. Il suivra cependant le déroulement des événements de près, afin d’évaluer toutes les options.

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