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Logement social: une Laurentienne au bord du gouffre

Photo: TC Media/Isabelle Bergeron

À Saint-Laurent, 1156 ménages poireautent sur la liste d’attente pour un logement social. Parmi eux, celui de Jana, une mère monoparentale au chômage qui attend depuis une décennie pour un appartement abordable.

Jana réside à Saint-Laurent. Elle a accepté de nous raconter son histoire, mais a préféré taire son nom. Il y a presque dix ans, Jana a fait sa première demande pour un logement social. Aujourd’hui, elle se trouve toujours sur la liste d’attente, sans savoir quand son calvaire prendra fin.

En mai dernier, Jana a perdu son emploi. Elle n’est plus en mesure de payer ses factures et doit maintenant faire appel à des banques alimentaires, ce qui est «amplement insuffisant pour répondre aux besoins d’une enfant en pleine croissance.»

La précarité l’oblige à se trouver un appartement moins dispendieux. Le temps presse, mais la liste d’attente pour un logement social est longue.

Seule pour tout payer
Lorsque Jana a donné naissance à sa fille, il y a 11 ans, elle travaillait dix heures par semaine dans un centre d’appel au salaire minimum. Un an et demi plus tard, son conjoint est parti, la laissant seule pour subvenir aux besoins de son enfant et pour payer le loyer.

Sans autre choix, Jana a rempli une demande pour une Habitation à loyer modique (HLM). «Au départ, j’étais un peu plus de 500ième sur la liste d’attente. Presque dix ans plus tard, je n’ai aucune idée de ma progression sur cette liste,» raconte-t-elle.

La Laurentienne a connu quelques périodes d’accalmie au niveau financier durant toutes ces années. Elle a pu trouver un appartement convenable, au sein d’une communauté où sa fille et elle ont développé un véritable sentiment d’appartenance.

De multiples revers
Maintenant sans revenu depuis la perte de son emploi, la mère monoparentale a rapidement alerté l’Office municipal d’habitation de Montréal de sa nouvelle situation, seulement pour se trouver devant un problème supplémentaire.

«J’ai appris que mon dossier avait été fermé. Bien que j’aie envoyé une lettre par la poste et par courriel à l’OHMH pour les avertir de mon déménagement, l’information n’avait pas été traitée. Je n’avais donc pas reçu les demandes de confirmation annuelles de ma demande.»

Depuis, bien que son dossier ait été réhabilité, impossible de savoir si son rang a été affecté par cet incident.

Même si Jana est au bord du gouffre et qu’elle souhaite ardemment déménager, elle craint un peu le jour où elle recevra l’appel qui lui annoncera qu’on lui a trouvé un logement social.

«J’ai peur du HLM, révèle-t-elle, l’émotion dans la voix. Je suis inquiète pour ma fille. J’ai peur de l’entourage dans lequel elle pourrait évoluer, si on doit vivre dans un milieu comme celui-là. Ici, elle est près de ses amies, de son école, de notre église…Elle peut rester en contact avec notre religion et notre culture. En même temps, si ça continue, j’ai peur de me retrouver à la rue.»

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