Tuyaux gelés: pas de distribution d’eau même pour une garderie

La garderie Kat Kout a du s’occuper de 55 bambins pendant plusieurs jours sans qu’une seule goutte d’eau ne coule de leur robinet. Incluant le weekend, la garderie a été privée d’eau pendant six jours, conséquence des tuyaux gelés, sans que l’arrondissement ne leur distribue d’eau. Les responsables de la garderie n’ont eu d’autre choix que de s’abreuver par leurs propres moyens.

Privés d’eau depuis jeudi, ce n’est que mercredi matin que les employés de la garderie poussent un soupir de soulagement lorsqu’ils constatent que le service d’eau a été rétabli par l’arrondissement.
Même si le problème a été réglé, ils décrient toujours la lenteur de leur intervention et le fait que les autorités de Saint-Laurent ne distribuent pas d’eau, même dans une garderie.

Des seaux d’eau pour les enfants
Le jeudi matin, Fadia Yassine, la directrice de la garderie, constate que les robinets et les toilettes de sa garderie ne répondent plus. Les enfants commencent à remplir la garderie et elle doit vite régler le problème, elle compose le 311.

La téléphoniste ne lui indique pas que l’arrondissement rencontre actuellement de nombreux problèmes liés aux conduites d’eau gelées. Pourtant, une quarantaine de résidences étaient privées d’eau à la fin du mois de février.
Mme. Yassine entreprend alors de régler la situation par ses propres moyens.Trois plombiers visitent la garderie et établissent que le problème est du ressort de l’arrondissement.

«J’ai donc ouvert le dossier officiellement vendredi matin, c’est à cet instant que la personne au bout du fil m’a signifié la gravité du problème dans Saint-Laurent et nous a placé sur la liste d’attente.»

Les deux premiers jours, la relâche scolaire a permis aux enfants d’emprunter les toilettes de l’école primaire Jeunes Musulmans Canadiens.
Les éducatrices devaient s’approvisionner en remplissant des seaux d’eau à l’école voisine, pour permettre aux jeunes de se laver les mains.

«Au moins, emmenez de l’eau»
«Nous sommes dans une garderie, les enfants doivent se laver les mains sans arrêt, c’est une question de santé et de sécurité», fait remarquer l’une des éducatrices.

La directrice raconte que durant ces six jours, elle n’a fait que trois choses: appeler à la ville, rassurer les parents et aller chercher des seaux et des bouteilles d’eau avec les éducatrices.

À peine sortie de cette saga, la directrice ne comprend toujours pas la décision de l’arrondissement, «c’est une situation d’urgence, on parle d’enfants et c’est impossible d’emmener de l’eau?»

Les parents ont été avertis de la situation, mais demeuraient inquiets et fâchés de la réaction des autorités.

Explications de l’arrondissement
«Nous ne faisons pas de prise en charge, nous croyons que la communauté doit être préparée en cas de sinistre», indique M. Lanctot, responsable des communications à l’arrondissement.

Saint-Laurent demande aux résidents d’être préparés en conservant une trousse d’urgence de 72 heures qui permet d’attendre les secours.

M. Lanctot précise aussi que les citoyens sont placés sur une liste d’attente et que la clientèle vulnérable [garderie, écoles, CSSS] est traitée en priorité.

«Dans certaines situations nous accélérons nos travaux, mais le travail sur le terrain demeure toutefois imprévisible, précise-t-il, régler un problème peut prendre plusieurs heures et parfois, nécessiter qu’une équipe revienne pour régler un problème qui nécessite un autre type d’intervention [la compression ou l’excavation]».

Une urgence
Suite à un nouvel appel de la directrice lundi, l’arrondissement a promis d’envoyer une équipe. Les employés du Service de travaux publics sont arrivés en après-midi, mais surprise, ils ont quitté pour une autre urgence vers 18h, sans que l’accès à l’eau ait été rétabli.

«Qu’est-ce qui peut être plus urgent que 55 enfants», se demande alors la directrice.
Le mardi, à 16h, une nouvelle équipe est revenue sur place avec des compresseurs à eau chaude. L’équipe a réussi à régler le problème tard en soirée.

«Je suis contente, mais je me demande ce que ça aurait été si je n’avais pas été aussi insistante», renchérit la directrice.

Mardi, à 17h, 24 conduites d’eau étaient encore gelées dans l’arrondissement, 1 devait être traitée de façon électrique, 14 à l’eau chaude et 9 par excavations.