Soutenez

Octroi du droit de vote aux femmes : des pionnières se souviennent

Droit de vote
Malgré le fait qu'elles n'avaient respectivement que 11 et 16 ans en 1940, les Laurentiennes Thérèse Godin et Georgette La Roche se souviennent très bien du 25 avril 1940, le jour où le droit de vote a été octroyé aux femmes au Québec. Photo: François Lemieux

Le 25 avril 1940, les Québécoises obtenaient enfin le droit de vote aux élections provinciales après d’âpres luttes. Soixante-quinze ans plus tard, TC Media a rencontré trois Laurentiennes qui se souviennent de cette date charnière de l’histoire contemporaine du Québec, dont la première présidente du Conseil du statut de la femme.

«Je m’en souviens parce que ma grand-mère, qui était féministe avant l’heure, a pleuré toute la journée», a raconté Laurette Champigny-Robillard qui n’avait que 14 ans à l’époque.

Mme Champigny-Robillard a elle-même été féministe engagée ayant été la première présidente du conseil du statut de la femme de 1973.

À ce titre, elle a présidé la rédaction du rapport «Pour les Québécoises : égalité et indépendance», publié en 1978. Ce document analysait tous les aspects de la condition féminine et contenait plus de 300 recommandations. Le rapport sera durant une décennie la référence du gouvernement du Québec en matière de condition féminine.

Prendre sa place
«Même à cette période-là, on voulait prendre notre place, les jeunes filles voulaient prendre leur place. On était très contentes, c’était un grand pas», raconte Georgette La Roche qui avait 16 ans à cette époque.

Malgré tout, les mentalités ont évalué tranquillement. Thérèse Godin avait 11 ans en 1940. Lorsqu’elle a obtenu l’âge de voter pour la première fois, comme bien des femmes, elle demandait à son mari pour qui il allait voter afin de voter comme lui. Cependant, elle a graduellement appris à faire son propre choix.

«Les gens ne voulaient pas (donner le droit de vote aux femmes) parce qu’on disait que le vote de la femme allait annuler le vote du mari. Quand tu es dans l’isoloir, c’est toi qui décides. Quand bien même que ton mari t’as dit ce qu’il voulait, ce n’est pas ça», a dit Thérèse Godin.

Parce qu’elles étaient âgées de 16, 11 et 14 ans à l’époque, les trois Laurentiennes rencontrées par TC Media à leur résidence pour personnes âgées n’ont pu faire partie du mouvement militant des suffragettes. Mais elles se souviennent très bien d’un autre gain très important qui a suivi, la loi sur la capacité juridique de la femme mariée en 1964.

Cette loi mettait fin au statut juridique de mineure de la femme mariée et lui permettait de signer des actes juridiques sans le consentement de leur mari. C’est une femme, la première femme ministre au niveau provincial au Québec, Marie-Claire Kirkland, qui a fait voter la loi.

«De pouvoir honorer sa signature, c’était quelque chose. Ça nous permettait de faire des actes par nous-mêmes, de ne pas toujours avoir à demander aux hommes la permission», a raconté Mme La Roche.

«Il n’y avait rien à nos noms, tout était au nom du mari. Si on se faisait opérer, ça prenait l’autorisation du mari. Partout ça prenait l’autorisation du mari, ça n’avait pas de bon sens. Il fallait que ça change et ça a changé pour le mieux», a dit Mme Godin.

Lorsqu’on leur demande ce qu’il manque aux femmes aujourd’hui, les trois dames mentionnent qu’il y a toujours quelque chose qui pourrait être amélioré, que ce soit par rapport à l’équité salariale ou au nombre de femmes en politique.

«On dit encore qu’en 2015, le salaire n’est pas égal à capacité égale. À valeur égale, comme employé homme/femme, la femme a encore un salaire plus bas que l’homme. On est en 2015 et c’est encore comme ça», a dit Mme Godin.

Articles récents du même sujet

Mon
Métro

Découvrez nos infolettres !

Le meilleur moyen de rester brancher sur les nouvelles de Montréal et votre quartier.