Soutenez

«Le vrai communisme n’a jamais existé» – Camila Vallejo

Photo: Agata Nowicka/illo.pl

Étudiants, unissez vous! Le cri de ralliement ne vient pas que du Québec. Au Chili, le mouvement étudiant prend une couleur révolutionnaire, avec à sa tête Camila Vallejo, ou «Comandante Camila», jeune femme de 24 ans qui rêve, comme Che Guevara, d’une révolution communiste, mais sans recours aux armes. Métro a rencontré cette nouvelle figure emblématique.

L’Union soviétique n’a-t-elle pas démontré que le communisme est voué à l’échec?
Je crois que le vrai communisme n’a jamais vraiment existé. Les régimes mis en place dans le passé s’inscrivaient dans un contexte défavorable pour leur développement, avec une bureaucratie et une autocratie extrêmes. Le communisme est un idéal qui ne s’est développé pleinement nulle part. À la base, le communisme implique une société où chacun partage des conditions de vie égales, où chacun a accès à ce dont il a besoin et contribue, par son travail, à la communauté, selon ses capacités. On parle d’une société sans classe, où les hommes et les femmes se sentent réellement libres et se réalisent pleinement sur les plans moral, matériel et intellectuel.

Le Chili est prospère. Pourquoi devrait-il changer?

Le produit intérieur brut de notre pays est de 15 000 $US par habitant, mais cette richesse ne profite pas à la majorité de la population : 5 % des personnes les plus riches gagnent 800 fois plus que les 5 % des Chiliens les plus pauvres. Le mécontentement du peuple ne tient pas qu’à une idée abstraite, mais s’ancre dans des conditions matérielles réelles. Il faut amorcer un débat de fond au sujet de notre conception du développement et du modèle de développement que nous voulons. Est-ce que nous voulons le modèle néolibéral actuel, qui provoque la concentration des pouvoirs économiques, culturels et politiques? Ou un modèle qui permet le plein développement des êtres humains, l’accès à une qualité de vie, le respect de la dignité et la garantie des droits?

Lors d’un voyage en Allemagne, vous avez été constamment accompagnée des représentants officiels du Parti communiste. Ont-ils peur de vous laisser parler librement?
Nous avons toujours été un collectif. Rien n’est développé individuellement et toutes nos idées sont le résultat d’un consensus. Notre travail est entièrement intégré. Contrairement à l’image projetée par les médias, notre action n’est pas le fait d’une seule personne, mais d’un mouvement. Mais je ne crois pas que quelqu’un ait peur de me voir m’exprimer par moi-même.

Est-ce que la révolution communiste va se répandre?
Nous croyons à une révolution communiste non violente, sans recours aux armes. Nous misons sur la démocratisation au Chili. Nous voulons faire les choses à notre façon et redonner le pouvoir au peuple chilien. Au Chili, le communisme est perçu comme quelque chose de lointain, mais il émerge, il chemine vers un processus de démocratisation réussi.

Croyez-vous que le mouvement pourrait séduire ailleurs en Amérique latine?
Dans la région, nous partageons des pages d’histoire assez semblables. Nous avons subi des dictatures mili­taires et la colonisation par les États-Unis et l’Europe. Les pays de l’Amérique latine ont tenté de former des États indé­pendants économiquement et politiquement, de retrouver leur indépendance et leur identité propre. Nous, du mouvement étudiant, organisons des conférences afin de définir des stratégies et des politiques. Nous avons également des suggestions quant à la façon d’unifier le mouvement étudiant sur le marché du travail, de retrouver le droit à l’éducation, de lutter contre la répression et de continuer à nous opposer à l’impérialisme, au capitalisme et au néolibéralisme, selon les pays. Mais nous ne représentons pas qu’un phénomène chilien ou latino-américain. D’autres mouvements similaires émergent, en Europe et ailleurs dans le monde.

Articles récents du même sujet

Mon
Métro

Découvrez nos infolettres !

Le meilleur moyen de rester brancher sur les nouvelles de Montréal et votre quartier.