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Se former… et rester pauvre

Photo: Métro

Un rapport récent de la Banque canadienne impériale de commerce révèle que les étudiants canadiens évitent souvent les études universitaires qui offrent les meilleures possibilités de revenus.

En effet, les étudiants sont de plus en plus nombreux à choisir des formations en sciences sociales ou en sciences humaines plutôt qu’en génie ou en informatique. Depuis 2007, le nombre de jeunes qui fréquentent le baccalauréat a augmenté de 25 % au Canada, Or, les inscriptions en sciences sociales et humaines représentent plus de 40 % de cette augmentation. En comparaison, les nouvelles inscriptions en génie n’ont augmenté que de 8 % alors qu’elles ont  diminué en informatique et en mathématiques, d’environ 5 %.

Toujours selon le même rapport,  le revenu des diplômés des sciences sociales et humaines est souvent inférieur à la médiane des salaires pour l’ensemble des travailleurs (environ 900$ par semaine). En 2006, c’était  le cas de 40 % à 45 % d’entre eux et de 35 % de tous les diplômés universitaires. Si on se sert de ces pourcentages comme un indice de la valeur du retour sur l’investissement (ROI) en formation, c’est la pire performance des pays de l’OCDE.

Les diplômés du génie et de l’administration expérimentent un bien meilleur ROI. De 70 % à 80 % d’entre eux ont des salaires supérieurs à cette médiane.

Le rapport ne vient au fond que confirmer ce qu’on savait déjà, c’est-à-dire que le domaine d’études a un impact important sur le revenu postérieur. Il pose aussi la question : pourquoi alors les étudiants continuent-ils à s’inscrire à des formations qui leur coûtent cher, mais ne rapportent pas beaucoup?

Mon expérience avec les jeunes me permet d’identifier trois raisons.

Les formations qui présentent de bonnes perspectives salariales ont très souvent des exigences spécifiques et beaucoup de jeunes ne les ont pas complétées durant leurs études au secondaire ou au cégep. Particulièrement le fait que les jeunes évitent trop souvent les cours de sciences et de mathématiques, ce qui leur ferme des portes.

Ensuite, le contingentement vient limiter les possibilités des jeunes. De façon directe, cela limite le nombre de places disponibles dans les programmes les plus prometteurs. De façon plus indirecte, un certain nombre de jeunes ont tendance à se disqualifier de ces programmes, parce qu’ils ne se croient pas capables d’obtenir les notes nécessaires pour décrocher une de ces places.

Finalement, l’attrait de l’université est fort, de telle sorte que bien des jeunes préfèreront s’inscrire en sciences sociales lorsqu’ils ne peuvent rencontrer les exigences d’un autre programme universitaire au lieu de considérer des options plus prometteuses en formation technique ou professionnelle.

Les jeunes n’évitent donc pas les formations qui conduiront à de meilleurs salaires. Dans leur désir de fréquenter l’université, ils ne font que choisir les formations au sein desquelles ils ont une chance d’être admis, considérant leur parcours scolaire antérieur.

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