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Plusieurs événements isolés…

Le printemps dernier, quand la violence claquait aux quatre coins du centre-ville, on a été surpris par le comportement pour le moins excessif de certains policiers lors des manifs. En même temps, on se disait que le contexte ne devait vraiment pas être évident. À force de te faire tirer des cailloux par la tête et de te faire cracher dessus, il est en effet possible que les plombs finissent par te sauter dans la tête. Vu la situation particulière, on a préféré parler de certains événements isolés.

Ensuite, il y a eu la fameuse vidéo mettant en vedette le Matricule 728 et son inséparable cannette de poivre. Ouille, pas fine la dame. Mais bon, dans un corps policier aussi imposant que celui de la SPVM, on s’est dit qu’il pouvait y avoir quelques têtes chaudes. La sienne était brûlante. On a alors parlé d’une façon d’agir qui tenait de la «vieille police». Un cas isolé. Un autre… Ensuite, Madame 728 en a remis. Avec «des crisses de crottés de gratteux de guitare». Ces qualificatifs étaient les siens. Une fois de plus, l’événement a été filmé et diffusé. Heureusement, sinon, on ne l’aurait jamais su. Le dérapage de la policière est finalement devenu un cas tellement isolé qu’au bout du compte, c’est ce qu’on a dû faire. L’isoler.

Tout cela nous mène à la semaine dernière, aux quatre policiers de la région de Trois-Rivières qui ont été pris par une caméra de surveillance en train de tabasser un présumé voleur de pharmacie. Bing bang, une volée de coups de poing sur la gueule avec, en prime, un service de coups de pied dans le ventre. Même le directeur de la Sécurité publique de la ville s’est dit ébranlé par ce qu’il a vu. L’aurait-il été autant si l’incident n’avait pas été capté et diffusé ad nauseam? On ne le saura jamais. Le chef a également ajouté que «l’ensemble des policiers qui regardent ces images ne sont probablement pas très fiers». Ce qu’il faut donc comprendre, c’est qu’il s’agit une fois de plus — je vous le donne en mille – d’un cas isolé. Encore et toujours…

Loin de moi l’idée de vouloir passer tous les agents de police à la moulinette. Ça serait trop injuste pour ceux et celles qui n’abusent pas de leur pouvoir. Sauf qu’en attendant, pas si naïf quand même, j’aimerais bien que l’on poursuive le ménage entrepris à l’intérieur des troupes. Pas juste en mettant de côté les éléments subversifs quand ils se font pincer sur le fait par des caméras, mais en rappelant aux officiers qu’ils font partie d’un tout. Un tout qui s’appelle notre monde. Le mien, le vôtre, le nôtre.

Un monde où les power trips, même ceux qui échappent au public, ne devraient jamais être passés sous silence. Ces cas isolés le sont de moins en moins…

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Parlant de vieilles manières de faire dans les forces constabulaires, regardez ce qui s’est passé il y a quelques jours entre le nouveau maire Applebaum et le président de la Fraternité des policiers de Montréal, le sympathique Yves Francœur. Celui-là même qui avait refusé de commenter l’évidence dans le dossier de l’agent 728, justement. Prônant le statu quo pour l’horaire de travail de ses membres, Francœur a promis au maire que «la marde allait pogner» s’il ne répondait pas favorablement à son ultimatum. Applebaum ne l’a pas pris et a dénoncé cette forme d’intimidation. Francoeur a rétorqué que, par le passé, des conversations aussi viriles avec d’autres politiciens étaient demeurées confidentielles.

Psst, M. Francœur, c’est pas parce que votre attitude de goon fonctionnait avant que ça doit rester ainsi pour toujours, vous savez. Allez, donnez l’exemple à vos membres…

Les opinions exprimées dans cette tribune ne sont pas nécessairement celles de Métro.

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