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Vieilli à point

On a appris la semaine dernière que la taverne Magnan de La Pointe-Saint-Charles allait fermer ses portes à la fin de décembre après 82 ans d’existence. Parmi les raisons évoquées par le propriétaire, il y a les interminables travaux routiers qui rendent l’accès difficile au restaurant, la gentrification du centre-sud qui a grandement modifié le portrait ouvrier du coin, la compétition déséquilibrée de certaines grandes chaînes, et patati et patata…

Évidemment, le propriétaire n’était pas le mieux placé pour souligner que son personnel sur le plancher était de moins en moins souriant et que ce qu’on y offrait était de plus en plus décevant vu le prix exorbitant que l’on devait débourser. Je me souviens malheureusement beaucoup trop bien de l’unique pompon de brocoli à peine plus gros qu’une balle de golf que l’on m’a récemment servi en guise d’accompagnement légumier…

Désolé mais, personnellement, je ne m’ennuierai pas du Magnan des derniers moments. Ce qui va rester graver dans ma mémoire, ce sont les souvenirs, réels ou embellis par le temps.

De la même manière, j’ai toujours une bonne pensée pour le Ben’s du boulevard de Maisonneuve, malgré la malpropreté gênante de ses toilettes vers la fin. À faire lever le cœur. Et que dire du superbe restaurant du 9e chez Eaton où, finalement, on ne servait que de la vulgaire bouffe de cafétéria? Quand je pense à la Binerie Mont-Royal (l’endroit est maintenant un pâle reflet de ce qu’il fut), c’est seulement à cause des rares occasions où j’y suis allé avec mon père. Sinon… Même chose pour le vieux Montreal Pool-Room et de ses inénarrables hot-dogs relish-moutarde-poussière.

J’ai de bons souvenirs du vieux Forum, mais je ne devrais jamais oublier que ses sièges inconfortables furent assurément moulés sur des culs de lilliputiens. Combien de fois ai-je eu une pensée émue pour le Parc Belmont, même si on y risquait nos vies à chaque maudite fois où on embarquait dans un de ses manèges de bois épouvantablement vétustes et absolument dangereux.

Tous ces endroits, qu’ils soient morts ou qu’ils vivotent, sont bien plus grands dans nos cœurs que dans leur ultime réalité. Comme le disait la grande Simone Signoret dans sa biographie : la nostalgie n’est plus ce qu’elle était…

•••

Imaginons une ruelle où une gang de ti-culs joue au hockey. Imaginons qu’un jour, un petit nouveau fraîchement déménagé dans le coin débarque avec son bâton pour se faire de nouveaux amis. Un peu prétentieux sur les bords, on se dit qu’il veut faire sa place dans le groupe en ne sachant pas trop comment s’y prendre. Maintenant, imaginons que ledit p’tit nouveau continue à faire suer le groupe avec son insupportable attitude de smatte prétentieux. Et qu’un jour, le groupe se tanne au point de l’exclure en lui servant le fatidique : «Toi, tu nous as assez écœurés, débarrasse pis va-t’en chez vous!» Les enfants possèdent tellement le don de la formule implacable…

Maintenant, imaginons que la ruelle est le Parti québécois. Que le hockey est la politique et que le p’tit fendant soit Jean-François Lisée. Trouvez-vous, comme moi, une ressemblance frappante entre les deux situations?

Ne manque que la conclusion. Qui ne devrait pas tarder. M’est avis que le petit Jean-François va être pris pour jouer tout seul devant son ordi pour un bout de temps…

Les opinions exprimées dans cette tribune ne sont pas nécessairement celles de Métro.

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