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Le télétravail tarde à s’implanter au Québec

Le télétravail permet des gains de productivité de l’ordre de 10 à 30%, révèlent de nombreuses études. Photo: Archives Métro

Le télétravail progresse lentement au Québec. Or, ce mode d’organisation comporte de nombreux avantages, tant pour les employés que pour les entreprises.

«Il est très difficile d’obtenir des statistiques précises, car la définition du télétravail varie d’une enquête à une autre. Certaines, par exemple, incluent les travailleurs autonomes, ce qui gonfle les chiffres. Cela dit, on remarque que le Québec est à la traîne par rapport aux pays scandinaves et anglo-saxons», affirme Diane-Gabrielle Tremblay, professeure à la TÉLUQ et titulaire de la Chaire de recherche du Canada sur les enjeux socio-organisationnels de l’économie du savoir.

Selon une étude qu’elle a menée de concert avec le CEFRIO, environ 5 % des salariés québécois travaillent régulièrement à partir de leur domicile. «Cette donnée date de 2002, mais depuis, la situation n’a pas beaucoup évolué», souligne la chercheuse. À titre comparatif, le taux de télétravail dans les pays scandinaves se situe entre 12 et 15%.

«Les cadres intermédiaires opposent encore beaucoup de résistance. Ils ont du mal à faire confiance à leurs subalternes», déplore Mme Tremblay.

Avantages indéniables
Le télétravail permet pourtant des gains de productivité de l’ordre de 10 à 30%, révèlent de nombreuses études. «En plus de pouvoir travailler au moment où ils sont le plus efficaces, les gens se trouvent dans un environnement exempt de distractions. Cela a évidemment un impact positif sur la quantité de travail qu’ils peuvent abattre, mais aussi sur la qualité de celui-ci», indique Diane-Gabrielle Tremblay.

«Je suis plus efficace sur tous les plans lorsque je travaille de la maison. Comme je peux me lever plus tard, je suis plus reposée pour accomplir mon travail. Je suis aussi mieux disposée à l’égard de ma fille et j’ai de l’énergie pour faire des tâches ménagères. Même mon amoureux me trouve plus agréable!» confirme Catherine Lapointe, conseillère en communications chez Desjardins qui effectue régulièrement du télétravail.

Mme Lapointe ajoute que le télétravail lui permet de réaliser de grandes économies. «Ça m’évite de consommer de l’essence, d’avoir à acheter un café en chemin et de dîner au resto lorsque je n’ai pas eu le temps de préparer un lunch la veille.»

Mais ce que la jeune maman apprécie le plus lorsqu’elle travaille à domicile, c’est que cela facilite grandement la conciliation travail-famille. «Ça me permet de gagner beaucoup de temps. Je mets normalement entre une heure et quart et une heure et demie matin et soir pour me rendre au travail. C’est du temps de qualité que je pourrais plutôt passer avec ma fille», dit-elle.

Bon pour les entreprises
Les employeurs y trouvent eux aussi leur compte. «Chez Telus, nous croyons au mouvement des idées et non à celui des personnes», indique Chantal Décarie, directrice générale des ressources humaines pour l’entreprise. En 2006, ce géant des télécommunications a donc créé le programme Styles de travail dans le but d’accroître la mobilité et la souplesse des membres de son équipe, en leur permettant de travailler au bureau, à partir d’un lieu mobile ou à domicile. Environ 70% des employés des principaux immeubles de Telus ont depuis adopté le travail mobile ou à la maison.

Les résultats ne se sont pas fait attendre. «Nous avons observé une hausse de la mobilisation et des résultats d’affaires. Nous avons aussi une plus grande capacité à attirer et à retenir les meilleurs talents», révèle Mme Décarie. Selon un sondage réalisé par une firme externe, plus de 92% des employés de Telus soutiennent en effet que le télétravail est un facteur important dans leur décision de rester au sein de l’organisation.

Le programme comporte également des avantages
économiques, puisque l’entreprise a pu retrancher plus d’un million de pieds carrés à ses espaces de bureaux.

Le travail à distance présente tout de même son lot de défis. «Le plus important d’entre eux est sans doute la gestion de la transition des communications de face à face à virtuelles. Pour s’y adapter, certaines équipes ont instauré des conversations de coaching, de performance ou de suivi de projets utilisant les caméras webcam ou la téléprésence pour maintenir un contact plus direct et pour bien saisir les messages non verbaux; d’autres ont établi des horaires de présence commune au bureau pour éviter les situations d’isolement», explique Chantal Décarie.

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