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La spéculation immobilière s'étend

Après le Plateau-Mont-Royal, la spéculation immobilière semble désormais s’étendre à trois autres arrondissements.

C’est ce qui ressort des derniers chiffres de la Régie du logement concernant les demandes de conversion d’appartements locatifs en condos. Il y a trois ans, le Plateau recevait 30 % des demandes effectuées à Montréal. Depuis, les arrondissements de Rosemont–La-Petite-Patrie, Verdun et Mercier–Hochelaga-Maisonneuve l’ont rejoint en tête de peloton.

Derrière ces chiffres se cachent parfois des pratiques douteuses pour évincer les locataires et faciliter la revente. Le  Regroupement des comités logement et associations de locataires du Québec (RCLALQ) a recensé ces pratiques qui, sans être forcément illégales, illustrent parfois le manque d’éthique de certains propriétaires ainsi que les trous dans la loi.

«La reprise de logement par des membres de la famille et l’éviction agrandissement et changement d’affectation sont régulièrement utilisés de mauvaise foi», note le RCLALQ dans un rapport. «Sinon, des travaux majeurs qui n’en finissent plus, la proposition d’une somme considérable d’argent, la pression allant jusqu’au harcèlement ont souvent raison des locataires», ajoute l’organisme. Les locataires devant quitter après une longue période de location peinent à retrouver des loyers aussi intéressants.

Les comités de logement connaissent bien ces propriétaires qui s’enrichissent sur le dos des autres. Par exemple, sur le Plateau, Emmanuel F. se distingue. Chaque fois, il justifie la reprise des logements par l’installation de son entreprise et de membres de sa famille, vide l’immeuble de ses locataires et revend les unités en mode indivise, réalisant une confortable plus-value.

«On estime qu’en près de trois ans, il a ainsi évincé une soixantaine de ménages», déplore Paule Lespérance, organisatrice  au Comité logement du Plateau Mont-Royal. Elle recommande entre autres aux locataires aux prises avec ce genre de problèmes de vérifier les antécédents du propriétaire à la Régie.

La transformation de logements locatifs en condos (divise) est très sévèrement encadrée et nécessite l’autorisation de la Régie du logement. Toutefois, plusieurs propriétaires se lancent dans la transformation et la revente en copropriétés, mais sur le mode indivise. «Cela ne nécessite pas d’autorisation de la Régie. Et avec l’aide de notaires et de certaines banques (Banque Nationale et certaines caisses Desjardins), les conditions deviennent aussi avantageuses que pour les condos en mode divise», note France Émond, porte-parole du RCLALQ.

Réaction : l’avis des propriétaires
Selon Hans Brouillette, porte-parole de la Corporation des propriétaires immobiliers du Québec (CORPIQ), la perte de logements locatifs vient du contrôle des loyers trop restrictif.

«Les revenus de loyers sont tellement bas que cela nuit à la construction de nouveaux logements locatifs», dit-il. «La preuve que les loyers sont trop bas, c’est que dans plusieurs quartiers, des locataires sous-louent leur logement pour faire de l’argent sur le dos de leur propriétaire», ajoute-t-il.

Dans ce contexte, plusieurs auraient tendance à abandonner ou à revendre leurs immeubles, écœurés par le peu d’avantages qu’offre la location dans le contexte actuel.

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