Pour un meilleur suivi des médicaments en vente libre
Des étudiants en pharmacie de l’Université de Montréal proposent d’assurer un meilleur suivi de la consommation des médicaments en vente libre de la population.
Dans le cadre d’un projet pilote, ils ont fait parvenir une questionnaire à environ un millier de clients – particulièrement des personnes âgées – afin qu’ils indiquent les médicaments obtenus sans l’intervention d’un pharmacien qu’ils ingurgitent. Ils se sont pour ce faire associés à une dizaine de pharmacies de la région de Montréal. «La population pense que ces médicaments sont inoffensifs parce qu’ils ne demandent pas de prescription, mais ce n’est pas le cas», a expliqué Martin Guay-Gagnon, un étudiant de 2e année en pharmacie à l’Université de Montréal. Ce dernier a rapporté qu’aux Etats-Unis, un médicament semblant inoffensif comme l’acétominophène provoque à chaque année 2600 hospitalisations et 500 décès. «Si les pharmaciens ne sont pas au courant des médicaments en vente libre que les gens prennent, ils ne peuvent pas prévoir les interactions de ceux-ci avec leurs médicaments sous prescription ou même leur dire que ce ne sont pas des médicaments appropriés pour eux», a ajouté l’étudiant de l’Université de Montréal. Il a donné comme exemple le Tylénol rhume qui peut accentuer l’hypertension.
Le groupe d’étudiants a décidé de cibler les personnes âgées pour leur projet puisque ce sont eux qui consomment le plus de médicaments. «Ce sont des personnes qui sont plus fragiles, étant donné leur âge et leur métabolisme qui est un peu différent», a dit Martin Guay-Gagnon. Les questionnaires devaient être remplis à la maison pour que les patients puissent indiquer tous les médicaments qu’ils consomment et leurs bons noms. «[Depuis le début du projet], les pharmaciens ont remarqué que faire remplir le formulaire leur permettait d’obtenir des informations beaucoup plus complètes que de simplement demander aux patients s’ils prennent des médicaments vendus en tablettes», a rapporté M. Guay-Gagnon.
Les étudiants de l’Université de Montréal aimeraient soumettre leur projet à l’Ordre des pharmaciens du Québec pour que l’ensemble des pharmacies utilise leur questionnaire. La présidente de l’Ordre, Diane Lamarre, est ouverte à l’idée, mais elle insiste sur le fait que c’est la responsabilité de chacun des pharmaciens de s’informer de la consommation de médicaments de ses clients. «Il faut aussi développer le réflexe des gens d’informer le pharmacien quand ils ont pris ou acheté un médicament en vente libre, a indiqué Mme Lamarre. Parfois, les gens prennent des médicaments de leurs amis ou de leurs voisins ou de leurs conjoints. Ils doivent être très prudents.»
L’Ordre des pharmaciens du Québec a lancé il y environ un an un nouveau programme d’inspection professionnelle afin d’évaluer la pratique de leurs membres. «On veut [notamment] que les pharmaciens documentent mieux leur dossier. C’est très bénéfique parce qu’on travaille à plusieurs pharmaciens dans une pharmacie», a expliqué la présidente de l’Ordre. Selon elle, le questionnaire des étudiants de l’Université de Montréal représente un outil supplémentaire aux pharmaciens pour prévoir les interactions médicamenteuses et mettre à jour les dossiers de leurs clients.