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Se réadapter après avoir eu un membre sectionné

Photo: Yves Provencher/Métro

Il y a deux ans, Olivier Fortin s’est sectionné les cinq doigts de la main gauche et s’est fait réimplanter l’auriculaire. Par le biais d’un nouveau programme, il soutient ceux qui vivent aujourd’hui un calvaire semblable.

«Les premiers jours après l’opération sont horribles. Le motton est dur à avaler», se souvient M. Fortin.

Alors qu’il travaillait comme ébéniste, le jeune homme de 25 ans s’est complètement coupé l’auriculaire et la moitié du pouce sur un banc de scie, alors que ses trois autres doigts ont été gravement entaillés. Le moment de choc passé, M. Fortin a enroulé son petit doigt dans un linge humide et l’a mis dans la glace, puis s’est rendu à l’urgence. Quelques heures plus tard, il sortait de chirurgie les doigts «recollés», sauf son pouce.

M. Fortin est loin d’être le seul à avoir vécu une expérience semblable. En 2013, 250 doigts, trois avant-bras et un nez ont été réimplantés au Centre d’expertise en réimplantation et revascularisation microchirurgicale d’urgence (CEVARMU) du Centre hospitalier de l’Université de Montréal (CHUM), le seul centre spécialisé au Québec.

«Ces cas sont surtout dûs à des accidents de bricolage, en particulier l’été, saison des rénovations, et l’hiver, saison des souffleuses», a souligné jeudi le Dr Alain Danino, directeur médical du CEVARMU, lors d’une conférence sur le sujet au Centre de recherche du CHUM. Heureusement, les vaisseaux, les nerfs et les muscles peuvent être raccordés grâce à des techniques de microchirurgie.

Si la main gauche de M. Fortin est complètement fonctionnelle aujourd’hui, c’est parce qu’il a suivi des traitements d’ergothérapie spécialisée pendant plusieurs mois, qui incluait de nombreux exercices à faire de son côté.

L’ancien ébéniste sait à quel point le processus est pénible. C’est pour cette raison qu’il est le premier patient-ressource du nouveau programme d’accompagnement du CEVARMU. Il est présentement en train de coordonner le recrutement de nouveaux bénévoles.

«Le but est d’inclure les anciens patients dans le cheminement des nouveaux. Plusieurs d’entre eux sont des gars de la construction qui ont leur fierté, et ils ont besoin de poser des questions et de se confier à quelqu’un qui a vécu la même chose», a expliqué à Métro M. Fortin.

L’engagement des patients envers leurs propres traitements est un élément clé de la réussite de cette réadaptation. Or, selon Josée Arsenault, ergothérapeute au CEVARMU, 85% des patients qui les suivent au CHUM le font adéquatement, et ce pourcentage chute à 35% pour ceux qui les suivent dans un centre moins spécialisé.

Ces manquements peuvent mener à des complications, d’où l’importance que des anciens patients comme M. Fortin soient présents pour montrer l’exemple.

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