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Les défis du tourisme durable

Fish boat on the paradise beach of Jamaica Photo: Getty Images/iStockphoto

2017 est l’année du tourisme durable, selon une résolution adoptée récemment par l’Assemblée générale des Nations unies. Si le concept de tourisme durable commence à faire son chemin, il reste beaucoup de travail à faire pour que les voyageurs s’adaptent aux exigences environnementales de notre époque. Zoom sur une idée qui pourrait changer notre façon de voyager.

Définition
Selon la définition adoptée par l’ONU, le tourisme durable est «un tourisme qui tient compte de ses impacts économiques, sociaux et environnementaux actuels et futurs en répondant aux besoins des visiteurs, des professionnels, de l’environnement et des communautés d’accueil».

En bref, on parle d’un mode de gestion du tourisme qui tente de réduire les impacts présents et futurs de ses activités sur l’environnement, l’économie et la culture de la société d’accueil – en accord avec les trois principes du développement durable.

Obstacles
D’après un rapport de l’ONU, le tourisme est responsable, à lui seul, de 5% des émissions de gaz à effet de serre. Le grand coupable? L’avion, qui est responsable des trois quarts des émissions. Si ce mode de transport permet d’aller plus loin et plus vite, il est aussi extrêmement polluant.

«Plus on va loin, plus on doit apprendre à voyager mieux, croit Alain A.Grenier, professeur au département d’études urbaines et touristiques de l’École des sciences de la gestion de l’UQAM. Il faut favoriser le transport terrestre à l’échelle continentale, et réserver l’avion aux voyages intercontinentaux.»

Le tourisme durable implique également des retombées économiques pour les populations locales, particulièrement dans les pays du sud. «Actuellement, de 40 à 50% des revenus restent dans la région émettrice [du billet d’avion], explique M. Grenier. Il faut déplacer ces revenus vers la région d’accueil. Mais pas au détriment de l’environnement local.»

La démocratisation du tourisme international a aussi pour conséquence d’augmenter l’achalandage dans des endroits fragiles. L’impact cumulatif des visiteurs peut ainsi dégrader certains sites sensibles, comme les îles Galapagos.

Industrie
Les défis lancés à l’industrie touristique sont nombreux: réduction de l’empreinte carbonique, protection des écosystèmes fragiles, respect des cultures locales, etc. La structure même de l’industrie complique toutefois la recherche de solutions. «Le problème, c’est que le tourisme est eu grande majorité une industrie de PME, explique le professeur Grenier. Les gros joueurs (Air Transat, SunWings, etc.) ne sont pas si nombreux. Les PME n’ont souvent pas les ressources financières et le temps nécessaires pour se pencher sur des enjeux de développement durable.»

Autre problème: l’industrie du tourisme est saisonnière. Les périodes de vaches maigres suivent souvent les moments d’affluence. Difficile alors de demander aux exploitants de se serrer la ceinture pour investir ou d’accepter moins de visiteurs pour protéger un site vulnérable.

Des comportements à changer
L’industrie a des correctifs à apporter, mais le voyageur a aussi son rôle à jouer dans ses choix de consommation. La période des vacances est cependant loin d’être le meilleur moment pour changer ses habitudes. «Les vacances signifient la suspension des règles et des contraintes, explique Alain A. Grenier. Le touriste vit un temps sacré, un moment 
d’oisiveté légitime.»

Selon le docteur en sociologie, c’est donc à l’industrie de présenter une offre touristique responsable et de l’expliquer 
à ses clients.
«On ne peut pas responsabiliser le touriste à 100% et on n’arrivera pas à changer le comportement de tout le monde. En vacances, le mode de vie qu’on a à la maison se répète et s’accentue. L’impression de luxe et l’abondance qu’on a lorsqu’on visite des pays plus pauvres laissent penser qu’on peut abuser des ressources – comme l’eau, la nourriture – ou de la culture locale.»

Comment voyager mieux?
Pour l’instant, aucun pays n’a encore d’infrastructures touristiques totalement durables, et la question du transport reste épineuse. Il existe tout de même plusieurs façons de voyager tout en respectant l’environnement. L’écotourisme et le tourisme agricole sont des façons de visiter une région tout en minimisant son impact environnemental. Réduire ses déplacements une fois qu’on est à destination et opter pour un hébergement chez l’habitant font aussi partie des habitudes à adopter.

Découvrir son propre coin de pays est un autre genre de solution. «Il n’y pas de tourisme international sans tourisme local, résume Alain A. Grenier. C’est parce que les Québécois utilisent les infrastructures que les étrangers peuvent aussi le faire.»

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