Mes hommages. Cette semaine en a été une de grandes réjouissances. Redoux, l’imminente annonce de l’orientation sexuelle d’Albus Dumbledore et la cerise sur le pot-au-feu : on a créé une Barbie DONT LES CUISSES SE TOUCHENT.
Vrai comme je vous l’écris. Vous… vous ne vous réjouissez pas? C’est pourtant une formidable audace de la part de Mattel, le fabricant des poupées Barbie. L’audacieux baron de la catin aurait décidé d’emboîter le pas à d’autres fabricants de bébelles et de suivre l’impétueux courant de la promotion de la diversité corporelle en produisant une poupée à l’effigie d’Ashley Graham, une mannequin taille plus, notamment égérie de la boutique Addition Elle avec sa collection de lingerie furieusement sexy pour femmes dites tout-en-courbes.
Avant de battre des cils, Ashley Graham se serait assurée que la silhouette de sa Barbie sosie arbore ses formes généreuses, que ses jambes ne soit pas moulées en traditionnels bâtons parallèles de six pouces et que ses cuisses, tout comme elles le sont dans la réalité, présentent de la cellulite. Bon. Mattel n’aurait apparemment pas trouvé le moule à peau d’orange, mais pour le reste, la poupée lui ressemble. Un peu. Elle porte la même veste en jean qu’elle portait un jour sur un tapis rouge! Incroyable.
La poupée s’inscrit dans une série haute voltige de braves initiatives de représentation de la diversité, dans le cadre de la collection Shero – qui célèbre ces femmes qui, comme Barbie, «défient les normes de genres et prouvent aux petites filles qu’elles peuvent être tout ce qu’elles veulent» – où d’autres personnalités se sont vues immortalisées dans le plastique, comme Ava DuVernay, fondatrice du African American Film Festival Reasing Movement, un organisme qui aide les cinéastes noirs à distribuer leurs films. Vous ne la connaissez pas? Eh bien, vous ne pourrez pas acheter sa Barbie, non plus. Ni celle d’Ashley Graham.
Parce que Mattel a beau sabrer la champagnette en nous gavant de touchantes initiatives, ses Barbies qui ressemblent à du vrai monde ne seront pas mises en marché (simplement encantées).
Il semblerait que les petites filles ne veulent pas jouer avec des poupées qui ne leur rappellent pas, chaque minute de leur enfance, qu’elles n’auront jamais de grands yeux de chat, des échasses à la place des pattes, le pied naturellement prêt à accueillir un escarpin et un poitrail en missiles intergalactiques. Ça les rendrait malheureuses. Elles préfèrent prier le petit Jésus de les transformer en sulfureuses blondes, comme leur Barbie-secrétaire-médicale-ambitieuse blanche en petit tailleur à pompons, pour pouvoir accéder au fin titre de reine du bal des finissants et ainsi mener une existence qui en vaut un peu la peine.
Que Mattel crée un nouveau moule pour ses poupées, je ne puis que m’en réjouir. Faut bien partir quelque part. Mais tant que personne ne mettra la hache dans le vieux moule au même torvisse de visage maquillé en panthère sexée, quelles qu’en soient l’édition ou la divine incarnation, je n’émettrai pas un rot ni même un borborygme de contentement.
Et c’est pas une édition spéciale «moustache bleachée au Jolen» qui me fera vaciller.
La bise.