«L’ambassadeur des Pays-Bas a humilié la Hongrie», a déclaré le chef de la diplomatie hongroise, Péter Szijjártó, vendredi dernier, annonçant la rupture des relations diplomatiques entre Budapest et La Haye.
La veille, l’hebdomadaire hongrois 168 Ora publiait une interview avec Gajus Scheltema, l’ambassadeur néerlandais à Budapest. Ce dernier y comparait les méthodes employées par Viktor Orban, premier ministre hongrois, à celles des extrémistes musulmans. Pour l’interviewé, la ligne dure d’Orban en matière d’immigration aurait pour résultat de lui créer des ennemis.
L’ambassadeur, en fin de mission diplomatique, n’en est pas à sa première critique des politiques hongroises, particulièrement en matière d’accueil des réfugiés. Cette fois-ci, néanmoins, ses propos incendiaires ont consumé les ponts entre les deux pays.
Le chef de la diplomatie hongroise exige à présent des excuses publiques du gouvernement néerlandais, précisant qu’il ne se contentera pas d’explications à huis clos. D’ici là, a-t-il ajouté, l’ambassadeur hongrois aux Pays-Bas sera rappelé à Budapest.
Depuis trois ans, la Hongrie fait l’objet de nombreuses critiques sur la scène internationale. Viktor Orban refuse de respecter les quotas nationaux de réfugiés prévus par les lois de l’Union européenne.
Depuis trois ans, la Hongrie fait l’objet de nombreuses critiques sur la scène internationale. Viktor Orban refuse catégoriquement de respecter les quotas nationaux de réfugiés prévus par les lois de l’Union européenne. L’immigration, soutient le premier ministre, constitue une «menace pour le caractère chrétien de l’Europe» et tient lieu de «cheval de Troie» pour le terrorisme.
Alors que l’Allemagne ouvrait ses portes à un million de réfugiés, la Hongrie renforçait l’étanchéité de ses frontières avec la Serbie et la Croatie avec du fil barbelé. Bien que le premier ministre parle «d’invasion de l’Europe», en réalité un petit nombre de migrants ont demandé refuge à la Hongrie, la plupart cherchant surtout à la traverser pour rejoindre une terre d’asile voisine.
Le parlement hongrois a toutefois voté, en violation des lois internationales, en faveur de la détention des demandeurs d’asile de 14 ans et plus dans des camps. Viktor Orban est prêt à tout pour assurer l’imperméabilité de sa nation. Il n’est pas étonnant, au vu de ses positions, qu’il adule ses homologues russe et américain pour leur rigidité politique.
Le journal Le Monde qualifiait d’ailleurs, la semaine dernière, la Hongrie de «repaire de l’extrême droite mondiale». Contrairement aux migrants, des militants de l’extrême droite semblent réussir à y trouver refuge.
L’annonce, au printemps dernier, de la potentielle fermeture d’une grande université budapestoise, fondée par George Soros – avec qui Viktor Orban entretient une relation tendue –, a fait monter le ton d’un cran. «Encore plus de démagogie! À bas la presse! À bas l’éducation», ont scandé ironiquement les deux à trois mille Hongrois qui ont pris les rues de la capitale dans une manifestation organisée par le parti satirique Le chien à deux queues.
Le gouvernement ne s’en laisse toutefois pas imposer, ni par sa population ni par les diplomates étrangers. Le ministre des Affaires étrangères des Pays-Bas, Bert Koenders, a dénoncé les récents propos controversés de l’ambassadeur néerlandais, mais les relations diplomatiques entre les deux pays demeurent suspendues.
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