Les usagers des lignes de train de banlieue de Deux-Montagnes et de Mascouche devront opter pour des lignes d’autobus vers le réseau du métro ou leur voiture l’an prochain pour se rendre au centre-ville de Montréal en raison des travaux de construction du Réseau express métropolitain (REM), ce qui augmentera dans certains cas jusqu’à 40 minutes leur temps de déplacement en plus de contribuer à la saturation de la ligne orange du métro.
L’Autorité régionale de transport métropolitain (ARTM) a annoncé jeudi les mesures d’atténuation qui seront mises en place dès janvier 2020, lorsque les trains de banlieue de ces deux lignes cesseront de se rendre au centre-ville en raison des travaux du REM dans le tunnel du Mont-Royal, affectant les 18 000 usagers de celles-ci qui ne demeurent pas sur l’île de Montréal.
En tout, 192M$ seront investis par le gouvernement provincial et la Caisse de dépôt et placement du Québec dans ces mesures d’atténuation. Celles-ci consistent essentiellement en l’ajout de lignes d’autobus entre des gares de train et la station de métro Côte-Vertu qui circuleront sur des voies réservées ou sur l’accotement d’autoroutes, ainsi que l’ajout de service sur certaines lignes de bus existantes sur l’île de Montréal.
Temps de parcours
Les 15 000 clients du train de Deux-Montagnes affectés par ces travaux pourront opter pour une navette d’autobus reliant la gare Bois-Franc à la station de métro Côte-Vertu, une solution de rechange qui fera grimper leur temps de déplacement pour se rendre au centre-ville de 35 à 40 minutes par rapport à un déplacement seulement en train.
«Les mesures qui sont mises en place vont permettre de prendre les voies rapides pour permettre une meilleure circulation pour autobus. Je fais même le pari qu’il y aura plus d’usagers qui prendront les transports collectifs», a fait valoir la ministre déléguée aux Transports et à la région métropolitaine, Chantal Rouleau, lors d’une conférence de presse au centre-ville de Montréal.
Le chargé de cours Pierre Barrieau, qui enseigne l’urbanisme et la planification des transports dans plusieurs universités québécoises, n’est toutefois pas du même avis.
«Les gens vont prendre le train, puis ils vont prendre l’autobus et la ligne orange, et peut-être même que certains vont devoir en plus transférer sur la ligne verte. Ça va devenir très complexe, donc c’est certain qu’il va y avoir une fuite vers la voiture», a-t-il réagi.
La STM pigera dans une partie des 300 autobus hybrides qui seront ajoutés d’ici l’an prochain dans sa flotte afin de bonifier le service existant vers des stations des lignes bleue et orange du métro en prévision de la fermeture du tunnel Mont-Royal l’an prochain. En optant pour l’autobus, les usagers du train verront leur temps de déplacement entre les gares Canora et Mont-Royal vers le centre-ville passer de moins de 10 minutes à plus de 30 minutes.
Les clients de la ligne de Mascouche pourront pour leur part opter pour un service d’autobus bonifié vers la station de métro Radisson, sur la ligne verte, ce qui fera grimper leur temps de déplacement de 10 à 15 minutes.
«Nous sommes conscients que les solutions maintenues ne régleront pas tous les problèmes», a reconnu Mme Rouleau. La ministre a indiqué que les détails concernant entre autres le positionnement des arrêts des autobus et leur fréquence sur les lignes ajoutées feront l’objet d’une annonce à l’automne.
Les clients de ces deux lignes de train pourront par ailleurs bénéficier d’un rabais pouvant aller jusqu’à 30% sur leur abonnement mensuel aux services d’exo, l’organisme de transport qui gère les six lignes de train de banlieue du Grand Montréal.
Ligne orange saturée
Pierre Barrieau s’inquiète par ailleurs que le transfert de milliers d’usagers de la ligne de train de Deux-Montagnes vers la ligne orange du métro ne contribue à rendre celle-ci encore plus engorgée aux heures de pointe.
«On va surveiller l’évolution de tout ça et on va s’ajuster», a réagi à Métro en marge de la conférence de presse le président du conseil d’administration de la STM, Philippe Schnobb, qui a rappelé que deux nouveaux trains Azur seront ajoutés sur la ligne orange ce printemps afin d’augmenter la capacité de la ligne la plus achalandée du réseau.
«Tout ce qui est proposé rabat toujours vers le réseau du métro existant, qui est déjà saturé. Il est vraiment temps de penser à tabler vers d’autres réseaux de transport structurants, comme d’autres lignes de métro ou de tramways», a pour sa part réagi la responsable des enjeux en transport pour Conseil régional de l’environnement de Montréal, Tania Gonzalez.
Cette dernière a d’ailleurs déploré que l’ARTM n’ait pas inclu, comme promis, une bonification de l’offre de covoiturage dans les mesures d’atténuation qu’elle a annoncées jeudi.
Le conseiller aux affaires publiques de l’Autorité, Simon Charbonneau, a indiqué que cette option de transport fait partie des mesures à l’étude en vue de la prochaine annonce plus détaillée des mesures d’atténuation à venir à temps pour la rentrée scolaire.
L’entrée en service du REM, un service de train léger qui reliera la Rive-Sud, la Rive-Nord et l’ouest de l’île au centre-ville de la métropole en passant par l’aéroport international de Montréal sur une distance total de 67 kilomètres, entrera en fonction à la fin de 2023.