Des chercheurs américains ont interrogé des femmes après leur avortement afin de déterminer l’impact psychologique à long terme d’une telle décision. Leurs réponses montrent que la plupart d’entre elles ne regrettent pas. Les femmes interrogées évoquent en revanche un fort sentiment de stigmatisation sociale vis-à-vis de leur choix.
Aux États-Unis, plusieurs états (Alabama, Arkansas, Midwest Missouri, Géorgie etc) ont récemment fait passer des lois très restrictives allant à l’encontre de la législation fédérale de 1973 qui donne le droit aux femmes d’avorter.
Des entretiens psychologiques avant une interruption volontaire de grossesse sont également imposés dans de nombreux états, justifiés par le fait que les femmes pourraient «regretter leur décision après coup».
Pour vérifier cette théorie, des chercheurs de l’université de Californie à San Francisco (UCSF) ont interrogé et suivi pendant cinq ans 667 femmes originaires de 21 états différents qui ont choisi d’avorter, dont les résultats sont publiés dans la revue Social, Science and Medicine.
Si cette décision a été «très difficile» (27%) et «assez difficile» (27%) pour plus de la moitié d’entre elles, 46% affirment au contraire avoir rencontré peu de difficultés à faire ce choix. En revanche, une majorité (70%) a signalé des attitudes de stigmatisations de la part de leur entourage concernant leur décision d’avorter.
Le soulagement est l’émotion la plus forte
Interrompre volontairement une grossesse étant rarement un acte anodin, ces femmes ont reconnu avoir ressenti des émotions positives mais aussi négatives (colère, tristesse, culpabilité) avant de prendre leur décision.
Toutefois, les sentiments négatifs se sont estompés avec le temps, en particulier un an après l’avortement, y compris chez les femmes qui ont le plus hésité, révèle l’étude.
Au terme de l’étude, soit cinq ans après, le soulagement était l’émotion dominante évoquée par plus de 95% des participantes. Une tendance qui ressortait déjà au cours de l’étude, les femmes ayant été interrogées à onze reprises.
«Ces résultats s’ajoutent aux preuves scientifiques que les émotions liées à un avortement sont associées au contexte personnel et social et ne sont pas une conséquence de la procédure d’avortement en elle-même. Cela remet en question la justification des politiques de réglementation de l’accès à l’avortement qui sont fondées sur des allégations de préjudice émotionnel», concluent les auteurs de l’étude.