C’est ce qu’a annoncé le directeur général de l’OMS, Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus lors de sa conférence de presse du 24 Juin sur la situation de la COVID-19 dans le monde.
À l’heure actuelle, c’est plus de 9,1 millions de cas de la COVID-19 qui ont été déclarés à l’OMS, dont plus de 470 000 décès. Si moins de 10 000 cas avaient été déclarés durant les premiers mois de l’épidémie, le chiffre a atteint 4 millions le mois dernier annonce Dr Ghebreyesus.
Une tendance pour l’organisation qui estime que le cap des 10 millions de cas confirmés sera atteint la semaine prochaine. Pendant que les recherches sur différents vaccins et traitements se poursuivent, l’OMS continue d’affirmer sa «responsabilité urgente de répondre avec les outils dont nous disposons pour supprimer la transmission et sauver des vies».
En ce sens, M. Ghebreyesus a abordé les efforts de l’organisation et les investissements majeurs qui ont été effectués ces dernières semaines concernant les besoins en oxygène et son rôle vital pour sauver des patients en état critique en raison de la COVID-19.
Cet oxygène médical est produit par des concentrateurs d’oxygène, dont la demande aujourd’hui dépasse l’offre. Avec une estimation de 1 million de nouveaux cas chaque semaine, l’OMS prévoit des besoins mondiaux à 620 000m3 d’oxygène par jour.
En vue de la difficulté rencontrée par beaucoup de pays pour obtenir ces ressources médicales vitales, l’organisation annonce travailler avec les Nations unies et les manufacturiers du monde entier pour acheter et fournir des concentrateurs aux pays qui en ont les plus besoin.
Des négociations en cours permettraient à l’OMS d’acheter 14 000 concentrateurs dont 4000 seront envoyés vers 41 pays dans les prochaines semaines. À l’avenir, l’organisation entend fournir 170 000 concentrateurs ainsi que 9800 oxymétres de pouls (un dispositif permettant de surveiller le taux d’oxygène dans le sang), pour un investissement total de 100 millions de dollars.
L’OMS déclare aussi aider plusieurs pays à acheter des usines qui leur permettront de produire une grande quantité d’oxygène concentré. Une solution durable pour chaque pays, qui sera possible grâce à la collaboration de l’OMS concernant la maintenance de ces usines, qui requiert des spécifications techniques qu’elle compte fournir.
Le risque des rassemblements de masse
Alors que plusieurs pays dans le monde ont entamé des phases de déconfinement depuis quelques semaines, des questions se posent pour Dr Ghebreyesus sur les rassemblements de masse. Il prend notamment l’exemple du pèlerinage annuel du Hajj, pour lequel l’Arabie saoudite a pris la décision de limiter le nombre de pèlerins ainsi que d’interdire la venue de pèlerins d’autres pays afin de limiter le risque de transmission.
Ces scénarios à risque nécessitent des décisions difficiles à prendre pour chaque pays reconnaît Dr Ghebreyesus, mais elles s’avèrent nécessaires «afin de mettre la santé au premier plan».
«Le risque existe encore pour des rassemblements de masse, il faut absolument que l’on fasse ce sacrifice. Il faut que cette transmission reste basse et elle doit baisser encore», ajoute Dr Michael Ryan. «Il faut que la population comprenne sa responsabilité pour sa protection et pour la protection des autres.»
La République démocratique du Congo compte annoncer prochainement la fin de la flambée du virus Ebola qui sévit dans l’Est du pays depuis 2 ans avec plus de 3500 cas, dont 2300 décès.
Dr Ghebreyesus rappelle que de nombreuses mesures de santé publique essentielles qui ont permis d’enrayer l’épidémie d’Ebola sont les mêmes qu’il faut observer aujourd’hui pour espérer enrayer la pandémie de la COVID-19.
«Trouver chaque cas, isoler chaque cas, tester chaque cas, prendre soin de chaque cas et procéder à un traçage de contacts incessant. Voilà les mesures qui doivent demeurer la colonne vertébrale de la riposte dans chaque pays. Il ne saurait y avoir de raccourcis.»
Le cas de l’Amérique latine
Interrogés sur la situation en Amérique latine, qui représente aujourd’hui l’épicentre de la COVID-19 dans le monde, les responsables de l’OMS n’ont pas cessé d’insister sur la nécessité d’identifier rapidement les cas et d’adopter des mesures de quarantaine.
S’il est difficile de donner des chiffres exacts (on parle de plus de 10 000 morts), Dr Michael Ryan reconnaît que l’épidémie sur le continent américain est «très intense». «On a constaté une tendance permanente, continue et préoccupante. Beaucoup de pays connaissent des augmentations de cas de 25 à 50% cette semaine, ce qui signifie que beaucoup de pays d’Amérique centrale et latine continuent de connaître une transmission permanente dans la population.» Une situation en évolution qui risque de durer en vue d’une absence de faible transmission et que le pic de l’épidémie n’a pas été atteint. Pour M. Ryan, il faut «venir en aide à la population en donnant des instructions claires dans un environnement qui inspire la confiance».