L’enfilade de tentes d’itinérants improvisée le long de la rue Notre-Dame Est, à proximité du Square Dézéry, continue de s’étendre. L’Opposition officielle de la Ville réclame davantage de ressources pour contrer cette précarité.
Métro avait constaté la semaine dernière qu’une dizaine de tentes et d’abris de fortune s’étaient établis. Les itinérants sur place avaient expliqué subir la fermeture des refuges créés dans l’urgence de la crise sanitaire.
Une vingtaine de mini campements jonchent désormais la bordure de pelouse le long de l’avenue Notre-Dame Est. La Croix-Rouge maintient sa distribution des denrées alimentaires chaque jour dans le Square Dézéry. D’autres organismes comme le CAP Saint-Barnabé tâchent d’apporter un soutien social aux itinérants.
Selon la Ville, un représentant du commissaire à l’itinérance au service de la Diversité sociale de la Ville de Montréal a organisé une visite aux campements sur Notre-Dame, avec des représentants du Centre de sécurité civile et du Service de la sécurité incendie afin de faire un recensement des tentes et voir à la sécurité des installations.
Une crise humanitaire
Ensemble Montréal dénonce une «crise humanitaire sans précédent» due à la «mauvaise gestion de l’administration Plante dans le dossier de l’itinérance» et demande un moratoire sur la fermeture des ressources temporaires en hébergement d’urgence.
«L’administration Plante réduit les ressources à l’aube d’une très potentielle seconde vague, c’est absurde ! dit Benoit Langevin, porte-parole de l’Opposition officielle en matière d’Itinérance et de Jeunesse. Des refuges doivent fermer alors qu’ils ont encore des dizaines de pensionnaires, il fallait les sonder avant de prendre de telles décisions.»
Il ajoute que la crise de la COVID-19 est venue exacerber d’autres facteurs de précarité comme la crise du logement et qu’il est plus que jamais nécessaire de préserver les ressources d’accueil des sans-abris.
Le nombre de sans-abri a augmenté à Montréal dans les dernières années, passant d’environ 3016 en 2015 à 3150 en 2018, selon le dernier recensement québécois à ce sujet.
«Il y a peut-être une dizaine de tentes aujourd’hui, mais est-ce qu’il y en aura 20 ou 30 dans les prochaines semaines? On ne le sait pas», avait confié à Métro le président et chef de la direction de la Mission Old Brewery, Matthew Pearce, à propos du campement sur Notre-Dame Est.
Des places inoccupées
Le maire de Mercier–Hochelaga-Maisonneuve, Pierre Lessard-Blais, avait confié à Métro la semaine dernière que trois nouveaux refuges temporaires verront le jour d’ici cet hiver : un au centre-ville, un dans l’Est de Montréal et un autre dédié aux Autochtones en situation d’itinérance. Une annonce à cet effet devrait avoir lieu d’ici fin août.
L’élu de Projet Montréal assurait d’ailleurs qu’il n’y a «pas de liens directs» entre le plan de transition de la Ville et le campement de la rue Notre-Dame Est. «Ce sont des personnes qui préfèrent dormir à l’extérieur pour différentes raisons», disait M. Lessard-Blais, qui assure que des lits sont libres dans les ressources actuellement en place.
La responsable de l’inclusion sociale, des sports et loisirs, de la condition féminine, de l’itinérance et de la jeunesse au sein du comité exécutif, Nathalie Goulet a ajouté dans un communiqué paru mercredi que «toutes les personnes qui étaient hébergées dans des lieux temporaires qui ont fermé leurs portes ont bénéficié de soutien et d’accompagnement pour être référées vers d’autres lieux d’hébergement ou ressources appropriées à leur situation».
Le 3 août, 65 lits d’hébergement d’urgence étaient toujours disponibles dans les différents sites de la métropole pour accueillir des personnes dans le besoin.