Baisse d’inscriptions, décrochage, hausse de l’anxiété et problèmes financiers: les organisations sportives subissent de forts contrecoups du deuxième confinement, constate le Pôle sports du HEC Montréal dans une récente étude. Ces conséquences sont ressenties à l’échelle locale.
Les inscriptions ont diminué de 30% au club de patinage de vitesse des Trois-Lacs par rapport à l’an dernier. L’association avait prévu le coup dans son budget annuel, mais ce manque à gagner fragilise ses finances.
La baisse du nombre de patineurs n’a aucun impact sur le nombre d’heures de glaces prévues au contrat du club avec la Ville, ni le coût de location. L’association n’a pas à payer les heures de glace pendant la pause forcée, mais si la saison s’était déroulée normalement, son déficit aurait été de 23 000$.
«Normalement, ça nous prend au moins 75 patineurs pour ne pas avoir de déficit, avance le président du club, Régent Gravel. Cette année, on n’en a que 55, donc on a moins de patineurs sur la glace, mais le nombre d’heures de glace dans notre entente avec l’aréna de Vaudreuil-Dorion ne change pas.»
Les fonds accumulés au cours des 15 dernières années lui permettront toutefois de survivre. La pression est maintenant sur l’an prochain à savoir si les patineurs seront au rendez-vous.
Hockey
La situation est similaire pour l’association de hockey mineur de L’Île-Perrot (HMIP). N’ayant pas de patinoire sur son territoire, elle loue l’accès à des glaces à Salaberry-de-Valleyfield.
Plus tôt cet automne, alors que Vaudreuil-Soulanges était en zone rouge et Beauharnois-Salaberry en orange, elle a été obligée de payer pour le temps de glace alors que ses joueurs n’avaient pas le droit d’y accéder.
«On a payé de la glace pour absolument rien, s’exclame la présidente de l’association, Christina Maurice Fazio. Le fait qu’on n’ait pas d’aréna nous place dans une situation précaire.»
HMIP a connu une légère baisse des inscriptions, mais moins grande que ce que l’association avait prévu. Sa présidente redoute cependant que certains jeunes ne reviennent pas au jeu l’an prochain, s’étant inscrits dans des ligues privées ou au sport-étude, qui elles, continuent leurs activités.
Outre ses finances, cette situation pourrait mettre en péril son fonctionnement. «Ça nous prend un minimum de joueurs à chaque niveau, sinon c’est difficile pour nos équipes d’être compétitives», explique la présidente.
Bénévoles
Le fardeau de devoir gérer la crise financière des organisations sportives revient majoritairement sur le dos de bénévoles. Les conseils d’administration, entre autres, passent beaucoup de temps à chercher du financement.
«Le poids retombe sur quelques personnes et quand ces personnes quittent, ça met les organisations en péril, indique M. Gravel. Si on peut éliminer le poids de la recherche d’argent, on va aider le recrutement parce que beaucoup ne s’impliquent pas à cause de ces difficultés-là.»
La présidente de HMIP observe la même chose. «C’est de plus en plus difficile d’en trouver, de les retenir, d’en trouver qui veulent faire tout ce travail-là et le faire gratuitement, affirme Mme Maurice Fazio. Surtout qu’ils se sont donné cœur et âme pour adapter nos pratiques à la situation pour ensuite se faire dire qu’on arrête tout ça à cause de la deuxième vague.»
Le Pôle sports du HEC Montréal entrevoit un recul des inscriptions de 5 à 10 ans pour les organisations sportives. Parmi les 38 participants à l’enquête, 82% avouent encaisser «d’importantes baisses» de revenus.
«Plusieurs disciplines du sport organisé vivaient un momentum exceptionnel de popularité et de développement, et la pandémie est venue freiner cet élan de façon brutale», écrivent les professeurs Richard Legendre et Éric Brunelle.
Toutefois, la pratique libre d’activités physiques individuelles comme la marche, le vélo, le golf et le tennis a connu une recrudescence cet automne.