Roxanne Papineau est nutritionniste clinicienne en néphrologie à l’Institut universitaire de cardiologie et de pneumologie de Québec (IUCPQ). Elle cumule plus de 15 ans d’expertise dans le suivi nutritionnel des patients atteints de maladies rénales. Elle a développé une approche moins restrictive et plus qualitative qu’elle présente en détail dans son guide alimentaire Savoir quoi manger – Santé Rénale – 21 jours de menus. Un livre qu’elle a dédié à sa sœur atteinte d’une insuffisance rénale terminale ainsi qu’à sa mère qui fera don d’un rein à celle-ci au cours des prochains mois. Le guide alimentaire pour la santé rénale sera en vente dès le 10 février 2021.
Bien que les reins soient des organes vitaux, ils sont souvent laissés pour compte dans l’approche nutritionnelle de la prise en charge de la santé. L’insuffisance rénale touche aujourd’hui au moins un adulte sur dix et pourrait bientôt devenir l’une des principales causes de la diminution de l’espérance de vie.
Entrevue avec l’auteure du guide alimentaire Savoir quoi manger – Santé Rénale – 21 jours de menus…
D’où vient votre intérêt pour l’alimentation et plus particulièrement dans le cadre des maladies rénales?
Dès l’adolescence, je collectionnais les livres de recettes et j’hésitais entre devenir chef cuisinière ou faire ma médecine. J’ai finalement choisi d’aller à l’université en nutrition, car c’était pour moi le meilleur des deux mondes: la santé par l’alimentation. À ma sortie de l’université, j’ai tout de suite été plongée dans le monde des maladies rénales à mon travail, puis quelques années plus tard, ma sœur ainée a été diagnostiquée avec une insuffisance rénale évolutive. Je suis ainsi dévouée aux maladies rénales depuis maintenant 15 ans.
Pourquoi l’alimentation est-elle importante pour la santé rénale?
Tout ce que l’on mange ou boit doit ultimement être filtré par les reins, donc une saine alimentation peut aider à préserver une bonne santé rénale. A l’inverse, en cas de maladies rénales, une alimentation adaptée est importante pour ralentir, voire stabiliser son évolution, en plus d’en limiter les complications.
Vous êtes nutritionniste en néphrologie, présidente du Regroupement des nutritionnistes en néphrologie du Québec et membre du comité scientifique de D.E.V.E.N.I.R., qui vise à optimiser les soins aux patients atteints d’insuffisance rénale chronique. Vous participez également au comité d’experts en santé rénale associé au ministère de la Santé, et vous êtes bénévole pour la Fondation canadienne du rein. Pourquoi avoir décidé, en plus, d’écrire ce livre?
Plusieurs personnes atteintes ou prédisposées aux maladies rénales n’ont pas accès facilement à une nutritionniste spécialisée en néphrologie, en particulier dans les stades précoces. De plus, les informations sur la nutrition rénale qui circulent sur internet sont souvent désuètes ou contradictoires. Je voulais sensibiliser la population et offrir un guide contenant des informations fiables et pratiques aux personnes qui se sentent parfois perdues.
À qui s’adresse principalement ce guide alimentaire?
Au moins un canadien sur dix serait atteint d’insuffisance rénale, souvent sans le savoir, ce qui représente une augmentation de 60% dans les dix dernières années. Ce livre s’adresse à la fois aux individus souffrant de maladies rénales ou ayant des facteurs de risque d’en développer comme de l’hypertension, du diabète, des maladies cardiovasculaires ou des antécédents familiaux de maladies rénales.
En ce qui concerne la protection rénale, y a-t-il des interdits alimentaires? Le régime est-il restrictif ou compliqué à suivre?
En tant que nutritionniste, je n’aime pas le mot interdit, car tout est une question de portion et de modération. Pour une bonne santé rénale, il s’avère surtout essentiel de limiter la consommation de protéines animales et les aliments transformés riches en sel et en additifs. Ce livre permet de simplifier l’alimentation rénale avec des informations claires et des recommandations concrètes.
Quelles sont les différences entre une bonne alimentation équilibrée pour tout un chacun et un régime alimentaire protecteur des reins?
Les recommandations données dans cet ouvrage s’inspirent fortement de l’alimentation méditerranéenne, laquelle est un modèle d’alimentation équilibrée, qui inclus des produits peu transformés et beaucoup de végétaux. Aucun groupe d’aliments n’est exclu de l’alimentation en santé rénale, mais l’équilibre entre ceux-ci est essentiel.
Vos recommandations nutritionnelles peuvent-elles être suivies par toute la famille?
L’assiette santé rénale est tout à fait compatible avec les recommandations du nouveau Guide alimentaire canadien. De plus, les apports recommandés pour une bonne santé rénale sont les mêmes que pour la population en bonne santé. La plupart des gens consomment beaucoup plus de sel et de protéines que leurs besoins réels. Comme il y a peu de signaux d’alarme dans les premiers stades des maladies rénales, la prévention est de mise.
En suivant le régime proposé, les résultats sont-ils visibles au bout de 21 jours?
Une réduction des apports alimentaires en sel et en protéines peut améliorer en quelques jours seulement la pression artérielle et la protéinurie; deux facteurs de risque de progression des maladies rénales. Toutefois, les changements alimentaires doivent être envisagés sur le long terme si on souhaite des effets protecteurs durables.
Préférez-vous le sucré, le salé ou le sucré-salé? Parmi les recettes du livre, avez-vous un coup de cœur?
Je suis assurément de type sucré-salé, d’autant plus que mon péché mignon est le chocolat à la fleur de sel. Dans ce livre, ma recette coup de cœur est celle de tacos au tempeh qui est selon moi la meilleure façon de découvrir cette protéine végétale. C’est une recette simple, facile et savoureuse.
Recette de quinoa matinal aux petits fruits
(tirée de Savoir quoi manger – Santé Rénale – 21 jours de menus)
Portions: 4
Préparation: 10 minutes
Cuisson: 25 minutes
INGRÉDIENTS
- 190 g (1 tasse) de quinoa, rincé
- 750 ml (3 tasses) de boisson végétale
- 1 c. à soupe de sirop d’érable
- 1 c. à thé d’extrait de vanille
- 1/2 c. à thé de cannelle moulue
- 25 g (1/4 tasse) de son d’avoine
- 240 g (2 tasses) de petits fruits surgelés
- 55 g (1/2 tasse) de noix de Grenoble, hachées
PRÉPARATION
- Dans une casserole, mélanger au fouet le quinoa, la boisson végétale, le sirop d’érable, la vanille et la cannelle.
- Porter à ébullition à feu moyen-vif.
- Laisser mijoter à feu moyen pendant 15 minutes, en remuant de temps à autre.
- Ajouter le son d’avoine et cuire 2 minutes, jusqu’à épaississement.
- Ajouter les petits fruits et les noix, puis poursuivre la cuisson 3 minutes.
- Servir la préparation tiède ou froide.
CONSERVATION
Ce quinoa matinal se conserve jusqu’à trois jours au réfrigérateur.
INFO SANTÉ
Le quinoa est une pseudo-céréale. Il est un peu plus riche en protéines et en fibres que les autres céréales. Il est important de bien le rincer avant de le cuire afin d’éliminer la saponine, une substance qui nuit à l’absorption de certains nutriments.
VALEUR NUTRITIVE PAR PORTION
- Calories: 370
- Lipides: 14 g
- Glucides: 55 g
- Fibres: 7 g
- Protéines: 10 g
- Sodium: 125 mg