Alors que les Québécois seront contraints de rester au pays cet été pour leurs vacances, plusieurs se tourneront vers les parcs nationaux du Québec. Derrière ces installations qui permettent un contact privilégié entre l’humain et la nature se cache un processus mûrement réfléchi.
Un parc national, c’est avant tout une aire protégée ayant deux objectifs: la conservation de la nature et l’accessibilité à des activités éducatives et récréatives.
Les premiers parcs ont été créés dans les années 80, suite à l’adoption de la loi sur les parcs nationaux en 1977. Cette dernière découpe le Québec en régions naturelles dans lesquelles les parcs nationaux servent à conserver un échantillon représentatif de la biodiversité de chaque secteur.
«La plupart des parcs du réseau proviennent de ce plan, explique le chargé de projet à la Direction des parcs nationaux, Alain Thibault. Ce sont des territoires représentatifs de milieux qui protègent des sites naturels exceptionnels à l’image de l’île Bonaventure et du rocher Percé, par exemple.»
Suite de l’adoption d’une nouvelle loi sur la conservation du patrimoine naturel en 2002, de nouveaux statuts d’aires protégées ont été ajoutés dans le même objectif, mais sans offrir d’accès au public.
«Le statut de parc national en est un qui a une notoriété assez importante et qui peut être assez intéressant au niveau des retombées économiques pour une ville ou une région», continue-t-il.
Le potentiel récréotouristique d’un lieu prend alors plus d’importance dans le choix d’en faire ou non un parc national. C’est le ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs qui est responsable du processus menant à leur création.
Une fois celui-ci complété, des exploitants se chargent de l’aménagement ainsi que de l’opération du parc. La SÉPAQ est l’un d’entre eux, mais pas le seul. L’administration régionale Kativik gère notamment les parcs au nord du 55e parallèle.
Plusieurs années peuvent donc s’écouler entre la création du parc et son inauguration. Par exemple, le dernier parc de la SÉPAQ ayant vu le jour, celui d’Opémican en Abitibi-Témiscamingue, a été créé en 2013 et ouvert au public en 2019.
Étapes
Avant qu’un parc en arrive à accueillir ses premiers visiteurs, de multiples étapes sont nécessaires. Le tout commence par la formation d’un groupe de travail avec des élus locaux et des représentants du ministère pour discuter des limites du territoire à analyser ainsi que leurs attentes.
Plusieurs raisons peuvent faire en sorte qu’un territoire soit considéré : une planification antérieure, un engagement auprès d’une collectivité ou encore la mise à disposition d’un territoire par une ville ou une MRC.
Se pose alors la question de savoir si la caractérisation de parc national est la bonne pour cet endroit. Le potentiel récréotouristique, l’accessibilité, la représentativité, la protection biologique, la beauté des paysages et l’appui des autorités locales sont aussi considérés.
Si l’on décide d’aller de l’avant, des études plus poussées sont alors réalisées afin de caractériser le milieu naturel. Une analyse de ce qui est présent sur le territoire est également prise en compte afin de localiser le patrimoine bâti et archéologique.
On cherche aussi à voir s’il y a des activités incompatibles avec les réalités d’un parc national. «On pense entre autres à la chasse et aux sentiers de quad ou de motoneige», indique M. Thibault.
Une fois que tout est bien répertorié, un plan directeur est créé avec des plans de zonage et différents concepts d’aménagement. Ces derniers sont alors soumis à une consultation publique et puis modifiés en conséquence.
Le plan mis à jour est ensuite présenté au conseil des ministres pour approbation. En général, environ cinq ans peuvent s’écouler entre la création du groupe de travail et le moment où le parc est soumis à l’exploitant, qui pourra ensuite débuter l’aménagement du site.
Futur
Malgré l’engouement pour les parcs naturels engendrés par la pandémie, M. Thibault ne croit pas que la planification des parcs nationaux sera affectée.
«Les parcs nationaux ne sont pas les seuls acteurs d’offre de récréation en nature pour les collectivités, souligne-t-il. Il y a des parcs municipaux et régionaux, mais aussi, on n’est pas dans la même échelle de temps par rapport à une pandémie qui, on l’espère, ne durera pas éternellement et la création de parcs nationaux qui peut s’étaler sur plus de 10 ans.»
Cinq projets de parcs nationaux sont en cours, dont deux dans le Nord-du-Québec en partenariat avec la nation crie qui constitue un nouvel exploitant. Le projet de parc national du Lac Walker dans la région de la Côte-Nord est également en cours, ainsi que deux autres au Nunavik.
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Nombre de parcs nationaux du Québec, auxquels s’ajoutent le parc marin du Saguenay-Saint-Laurent, qui est géré conjointement par la SÉPAQ et Parcs Canada.