Un enfant de 11 ans a marqué les esprits lors du deuxième débat des chefs en français. Inviter à poser une question sur l’environnement, Charles Leduc, de Saint-Clet, a dit s’inquiéter de son avenir et de celui de ses enfants.
Charles a profité de ce dernier débat en français pour demander la position claire des partis concernant l’utilisation des énergies fossiles. Sa question a fait sourire bien des internautes, au point où le mot «Charles» figurait parmi les tendances sur Twitter pendant quelques minutes.
Chaque parti en a profité pour rappeler leurs objectifs de réductions de Gaz à effet de serre (GES), soit 30% pour le Parti conservateur, 40% pour le Parti libéral, 50% pour le Bloc québécois ainsi que le Nouveau Parti démocratique et 60% pour le Parti vert.
Le premier ministre sortant prône une lutte aux changements climatiques par la transition. Il assure que son plan est ambitieux. «On va plafonner les émissions de CO2 du secteur gazier et pétrolier et les réduire jusqu’à zéro. La transition ne peut se faire du jour au lendemain, mais dans les années à venir. La réalité, c’est qu’il faut se fier aux experts qui disent que le programme vert des libéraux est le meilleur», a dit M. Trudeau.
Jagmeet Singh a attaqué M. Trudeau sur le bilan de son gouvernement. «En 6 ans, vous avez le pire bilan du G7. Il faut prendre des décisions sérieuses. Grand parleur, petit faiseur», a-t-il lancé. M Singh rappelle que le Nouveau Parti démocratique (NPD) s’engage à mettre fin aux subventions aux énergies fossiles et à électrifier les transports.
Le chef conservateur, Erin O’Toole, soutient pour sa part que la réduction des GES et la production de pétrole sont compatibles, si on a des programmes sur la carboneutralité notamment pour l’Ouest canadien. «Nous allons mettre un prix sur le carbone, créer un compte d’épargne personnel sur le carbone et agir sur la séquestration du carbone», a-t-il dit.
Le chef bloquiste Yves-François Blanchet estime qu’il faut plafonner l’exploitation pétrolière.
La voiture du conte de fée va se transformer en citrouille, bientôt. Il est impossible de réduire les GES en augmentant l’extraction, la production et l’exportation de pétrole. Il y a manière de créer plus de richesse, de faire plus et mieux, en investissant dans les énergies vertes de nos régions
Yves-François Blanchet, chef du Bloc québécois
Annamie Paul du Parti vert, dernier parti à avoir dévoilé sa plate-forme électorale, désengagerait le fédéral de toute implication vers ces secteurs fossiles. «L’avenir au Canada, c’est l’énergie renouvelable», dit-elle.
Question autochtone, flammèches sur le Québec
L’histoire des livres brûlés par un conseil scolaire ontarien s’est taillé une place dans le débat des chefs. Bien que la question portait sur la représentation des Autochtones, le débat a rapidement dévié sur le Québec à la suite d’une offensive du chef bloquiste. «S’il ne faut pas dire aux nations Autochtones quoi dire ou quoi penser, pourquoi M. Trudeau dit-il à la nation québécoise quoi faire et quoi penser?»
Parce que je suis Québécois! Je suis fier d’être Québécois, j’ai toujours été Québécois, je serai toujours Québécois. […] Vous n’avez pas l’unanimité sur le Québec. On est plusieurs à représenter le Québec à la Chambre des communes. […] Non, vous ne m’accuserez pas de pas être Québécois, M. Blanchet.
Justin Trudeau, chef du Parti libéral
Les deux partis sont actuellement en tête des sondages au Québec.
Consensus sur l’immigration comme solution à la pénurie de main-d’œuvre
Le thème de la pénurie de main d’œuvre a vu les chefs de partis se rejoindre sur l’une des solutions qui est l’immigration. Si M. Blanchet aimerait une plus grande ouverture à l’immigration «sous réserve d’une capacité d’intégration», M. Trudeau mise sur des incitatifs à l’embauche pour la relance économique post-pandémie. Du côté de M. O’Toole, le Québec obtiendrait plus de pouvoir en matière d’immigration pour attirer les travailleurs, particulièrement agricoles. «Immigration, formation, coordination, collaboration» sont les mots d’ordre de Mme Paul.
L’autre donnée où, cette fois-ci, les chefs ne se sont pas entendus concerne la sauvegarde des programmes d’urgences comme la Prestation canadienne de la relance économique (PCRE) qui est vu par certains comme un incitatif à «rester chez soi». Le NPD, le Parti vert et le Parti libéral sont d’avis qu’il faut la maintenir. Le Bloc québécois est plus mesuré puisqu’il souhaite la suspendre sauf pour le secteur de la culture et des arts, tandis que le Parti conservateur veut abroger ces programmes «pour arrêter les dépenses», mais envisage de les sauvegarder en cas de 5e vague.
Jeudi soir fera place au seul débat en anglais de la campagne où les thèmes abordés tourneront autour de l’accessibilité, du climat, du «leadership», de la réconciliation et de la reprise post-COVID.